ILS SONT partis par la poste en début de semaine : 1 400 colis comprenant un Pass’contraception et des préservatifs, adressés à 90 lycées de Poitou-Charentes dotés d’infirmières scolaires. Le Pass, « anonyme, gratuit et proche de vous », selon le document d’accompagnement, se présente comme un carnet de chèques restaurant et comprend des tickets pour une visite chez un médecin ou un gynécologue au choix de l’élève ainsi qu’un bon d’échange en pharmacie pour un moyen contraceptif (pour une durée de 3 mois renouvelable une fois), une fois munie de l’ordonnance. Tout sera gratuit, y compris les éventuelles analyses prescrites par le praticien et la visite de contrôle. La valeur totale du chèque contraception est de 144 euros et l’opération va coûter 400 000 euros à la région.
« Cette action est préparée depuis trois ans et a l’accord de tous les partenaires », a assuré Ségolène Royal, dont les instances régionales des ordres des médecins et des pharmaciens et le Planning, « souvent très éloigné des lycées ruraux », souligne-t-elle. Le problème est que l’opération ne plaît pas au ministre de l’Éducation Luc Chatel. « L’Éducation nationale n’a pas à se substituer au planning familial, seul autorisé à prescrire des contraceptifs à un enfant mineur », estime-t-il. Comme les infirmières scolaires dépendent du ministère, seront-elles libres de donner les Pass’ ? Béatrice Cormier, recteur de l’académie de Poitiers, a déjà prévenu que les chèques ne pourront pas être distribués dans les établissements scolaires sans son accord. « L’idée est bonne, dit-elle, mais n’y a-t-il pas un autre endroit que les lycées » pour la mettre en pratique ?
Les parents d’élèves sont également divisés : la FCPE approuve la démarche préventive tandis que la PEEP considère que l’Éducation nationale ne doit pas se substituer aux parents.
Chaque année, en France, 10 000 grossesses sont recensées chez des moins de 17 ans. Ségolène Royal n’a pas manqué de rappeler que c’était elle qui, alors ministre de l’Enseignement scolaire, avait autorisé, en 2000, les infirmières scolaires à distribuer gratuitement la pilule du lendemain pour lutter contre ces grossesses précoces.
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