L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) propose d’instaurer un entretien pharmaceutique pour la substitution biosimilaire et d’élargir, « de façon concertée et raisonnée », le répertoire des molécules concernées. Un appel du pied au futur ministre de la Santé dont la nomination est imminente.
La limitation du droit de substitution biosimilaire à deux molécules n’est pas satisfaisante pour l'UNPF puisqu’elle ne permet pas un « vrai développement » du marché des biosimilaires, pourtant source d’économies substantielles pour l’assurance-maladie. Afin de remédier à cette situation, le syndicat propose la mise en place d’un entretien pharmaceutique pour la substitution des biomédicaments, sur le modèle des accompagnements mis en place autour des patients sous anticoagulants (AOD et AVK), anticancéreux oraux et traitements de l’asthme.
Surtout, il est nécessaire d’élargir le répertoire des molécules biologiques substituables. L’ouverture du droit de substitution au filgrastim et au pegfilgrastim, « utilisés pour pallier les déficits sévères de globules blancs notamment chez les patients souffrant de cancer et traités par chimiothérapies », est « une avancée de principe », huit ans après l’inscription dans la loi de ce droit qui n’a jamais pu être mis en pratique avant d’être abrogé en 2020. Cependant, l’UNPF s’interroge sur le choix de ces deux seules molécules, dont les taux de pénétration sont « déjà très élevés » et dont l’éventuelle substitution par le pharmacien ne permettra pas d’atteindre l’objectif de pénétration en ville de 80 %.
« Nous demandons au prochain ministre de la Santé de prendre à bras-le-corps ce sujet et de donner aux pharmaciens un horizon clair sur leur implication dans le développement des biosimilaires. L’UNPF propose de réunir rapidement les parties prenantes de ce dossier pour le remettre sur les bons rails », lance le président, Christophe Le Gall.
Il appelle à élargir le répertoire des molécules concernées aux « médicaments biologiques composés de protéines simples telles que l’insuline ou utilisés depuis des années par les professionnels de santé (…) tels que l’énoxaparine, pour lesquels le retour d'expérience est important et dont les modalités de prise et de gestion des contre-indications et des effets secondaires ne présentent pas de défi majeur ». Une proposition qui rejoint celle de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) dont le président, Pierre-Olivier Variot, répète à l’envi que réserver l’énoxaparine à l’interchangeabilité par le médecin n’a pas de sens et que cette molécule devrait être aussi substituable par le pharmacien.
Cet élargissement du répertoire pourra s’ouvrir à des molécules plus complexes et l’entretien pharmaceutique imaginé par l’UNPF aura alors toute sa place, notamment pour les anticorps monoclonaux. « Cet entretien permettrait au pharmacien de répondre aux questions du patient, de valider avec lui la pertinence du passage au biosimilaire, et de préciser les modalités d’administration de son traitement en prenant en compte ses contraintes de vie. L’instauration de cette pratique, correctement protocolisée et rémunérée, fournirait le cadre d’une formation adéquate des équipes officinales sur toutes les spécificités des médicaments biosimilaires et hybrides. » Une manière de favoriser l’adhésion du patient et donc le bon usage et l’observance.
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