La toute dernière enquête menée par Satispharma et Opinionway, à l’occasion du salon Pharmagora Plus, dévoile un fort intérêt des Français pour différents services qu’ils aimeraient que leur pharmacien leur propose. Sur un total de 1 001 répondants, 82 % sont favorables à ce que le pharmacien puisse leur délivrer « en cas d’urgence, certains médicaments nécessitant normalement une prescription médicale », et 74 % pour que le pharmacien puisse même prescrire des médicaments pour certaines maladies bénignes. Les 414 pharmaciens interrogés plébiscitent ces deux services, respectivement à 94 % et 92 %.
De même, 74 % des Français trouvent opportun que leur pharmacien soit autorisé à réaliser le suivi et à renouveler les ordonnances dans des pathologies chroniques comme le diabète ou l’hypertension. Ils aimeraient aussi pouvoir bénéficier d’un remboursement par la Sécurité sociale ou leur complémentaire santé lorsqu’ils demandent une livraison de médicaments à domicile (89 %) ou la mise sous pilulier de médicaments (85 %) par le pharmacien.
Côté vaccination, les Français estiment utile à 69 % que leur pharmacien gère leur calendrier vaccinal et les informe lorsqu’ils doivent se faire vacciner. 67 % souhaiteraient même réaliser les rappels de vaccins de l’adulte dans leur pharmacie. Les dépistages sont également un service apprécié : 79 % des Français sont intéressés pour un dépistage du cholestérol en pharmacie, 78 % pour la carence en fer, 76 % pour le diabète, 73 % pour la maladie de Lyme. Un pourcentage qui tombe à 59 % concernant le dépistage du VIH. Et 56 % seraient prêts à payer pour accéder à ces dépistages en pharmacie. En revanche, si les titulaires se disent prêts à installer un espace de télémédecine dans leur officine, seulement 46 % des Français affirment qu’ils pourraient utiliser ce service.
Développer des outils digitaux
Un an plus tôt, Satispharma et Opinionway avaient déjà interrogé un large panel de 4 043 usagers. Chez les patients chroniques, 67 % étaient intéressés par un entretien avec le pharmacien pour préparer leur retour après une hospitalisation, deux tiers d’entre eux souhaitaient bénéficier d’un entretien d’une quinzaine de minutes pour améliorer l’observance des traitements et 20 % se disaient prêts à payer jusqu’à 40 euros par mois pour que le pharmacien leur prépare leurs médicaments sous forme de pilulier. Plus globalement, 62 % des Français aimeraient pouvoir envoyer leur ordonnance par Internet à leur pharmacien et 43 % apprécieraient de se faire livrer à domicile.
Les baromètres d’Odoxa pour OCP et « Le Quotidien du pharmacien » rejoignent en partie ces résultats. Le premier baromètre de septembre 2017 classe les services les plus attendus par ordre de préférence. En effet, sur 992 Français interrogés, 83 % plébiscitent la dispensation à l’unité, 67 % sont intéressés par un service de Click & Collect, 59 % par un service de commande en ligne associé à la livraison à domicile, 55 % par la préparation des doses à administrer et 50 % par la vaccination à l’officine. Des prestations que le pharmacien se dit prêt à proposer, à l’exception de la dispensation à l’unité dont le principe remporte beaucoup moins son adhésion. Collant à l’actualité, le second baromètre mené en février dernier auprès de 982 Français et 400 titulaires d’officine, s’est penché sur le renouvellement des ordonnances. 56 % des Français et 27 % des pharmaciens trouvent anormal le passage obligé chez le médecin pour un renouvellement d’ordonnance d’un traitement longue durée, sachant que 34 % des usagers déclarent s’être déjà retrouvés sans médicament faute d’avoir pu renouveler leur ordonnance à temps. C’est pourquoi 84 % aimeraient que les outils digitaux à disposition facilitent le renouvellement de l’ordonnance, par exemple en permettant l’envoi de l’ordonnance renouvelée par le médecin via une application ou un mail ou en recevant un rappel avant la date limite de l’ordonnance. Par ailleurs, 71 % des Français pensent que le pharmacien devrait jouer un rôle plus important dans la prise en charge de la santé et du suivi des patients et 70 % d’entre eux aimeraient que les officinaux puissent prescrire certains médicaments nécessitant une ordonnance comme les codéinés ou les antibiotiques utilisés contre les infections urinaires. Un pourcentage qui augmente dans la frange de 18-24 ans à 78 % et qui atteint les 87 % chez les pharmaciens. De même, ce sondage Odoxa souligne que 75 % des Français qualifient les bilans de médication de « bonne idée », tout comme 90 % des pharmaciens.
Devenir un pôle de santé
À ces quatre sondages auprès des Français et des pharmaciens, il faut ajouter une enquête menée par l’IFOP pour le réseau Giropharm auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 1 040 personnes du 8 au 13 février 2017. Son but ? Évaluer onze concepts empruntés aux missions spécifiques de pharmacies d’autres pays pour savoir si une transposition en France serait appréciée. Si les services les plus avant-gardistes tels que la télémédecine suisse ou la mini-consultation en ligne de l’Irlande et la Grande-Bretagne n’ont pas suscité l’engouement (respectivement 44 % et 34 % envisagent d’y recourir), le service de Minute Clinics plaît à 72 % des Français et 67 % déclarent qu’ils y auraient recours s’il était développé dans les pharmacies françaises. De quoi s’agit-il ? Un concept purement américain apparu en 2000 dont la chaîne de pharmacies CVS a su s’emparer quelques années plus tard : des « mini-cliniques » gérées par des infirmières et des pharmaciens, le plus souvent installées dans une pharmacie ou à sa proximité immédiate, permettant d’accueillir des patients pour des pathologies courantes et bénignes, sans temps d’attente et à des tarifs abordables. Elles sont une alternative offrant une prise en charge immédiate et sans rendez-vous par des professionnels de santé formés aux consultations et prescriptions pour des « petits bobos », les maux du quotidien, le suivi santé, la vaccination, le dépistage, etc. Les Minute Clinics sont la marque la plus connue des Retail Clinics mais de nombreux concurrents ont investi ce marché, notamment chez les compétiteurs de CVS comme Walmart et Walgreens. Dans la plupart des cas, les assurances santé peuvent prendre en charge tout ou partie des frais engagés par leurs patients dans ces Retail Clinics. Les Français trouvent ce service utile en particulier pour la consultation « petits bobos/premiers soins » (80 %), la consultation/prescription « maux du quotidien » (79 %) et le suivi santé (79 %). Ils sont aussi 74 % à plébisciter la consultation « bilan de santé/bilan vaccin et rappel de vaccins », le rendez-vous de prévention santé et la vaccination. Une prise de position en accord avec le succès remporté par la première année d’expérimentation de la vaccination antigrippale à l’officine dans deux régions françaises l’hiver dernier. Certains seraient même prêts à payer pour ces services : 46 % pour la consultation/prescription « maux du quotidien », 45 % pour la vaccination, 44 % pour la consultation « petits bobos/premiers soins ».
Les pistes sont donc nombreuses, les Français montrent une appétence certaine pour une pharmacie tournée vers les services, une pharmacie qui devient un pôle de santé à part entière.
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