« Ce n'est pas réservé aux populations à risques mais ouvert à toutes les populations et tous les primovaccinants, afin de simplifier l'accès à la vaccination. » Cette phrase de la ministre de la Santé le 22 janvier dernier devant un parterre de journalistes, concernant la généralisation de la vaccination antigrippale à l’officine, a suscité bien des interrogations. Les autorités s’apprêteraient-elles à répondre positivement à la demande appuyée des pharmaciens ?
Une demande déjà énoncée lors de l’élargissement de l’expérimentation de cette vaccination à quatre régions françaises. Pour Olivier Rozaire, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) Loire et président de l’URPS pharmacie Auvergne-Rhône-Alpes, « il serait incohérent qu’on ait encore à refuser de faire des vaccinations antigrippales en 2019 ». Il est rejoint sur ce point par Jérôme Parésys-Barbier, président du conseil central D de l’Ordre des pharmaciens qui se félicite du succès de l’expérimentation mais regrette d’avoir « dû trop souvent refuser de vacciner ». Et selon Gilles Bonnefond, président de l’USPO, « expliquer à un patient adulte qui nous demande de le vacciner qu’on ne peut pas le faire et qu’il doit aller chez un médecin est inaudible, cela va pousser des pharmaciens à le faire en toute illégalité ».
Prouesses
C’est pourquoi tous les regards étaient tournés vers Anne-Claire Amprou, directrice générale adjointe de la santé, mercredi dernier lors des 11es Rencontres de l’USPO, à l’occasion d’une table ronde sur la vaccination à l’officine. Il s’agit effectivement d’une question sur laquelle la Haute Autorité de santé doit revenir dans un avis à rendre d’ici la fin du mois de mars, afin de détailler la population cible à vacciner. Cet avis servira à la rédaction d’un arrêté sur ce point. « Va-t-on rester dans la cible ? Je dirais possiblement oui mais la question n'est pas claire à ce stade. Si on sort de la cible, il y a des questions à régler quant au prix de l'acte et à la problématique de l'approvisionnement de vaccins. Tout ce qui peut faciliter la vaccination va dans le bon sens, mais il faut voir si on est capable d'élargir tout de suite ou pas. » Et aussi savoir s’il ne vaudrait pas mieux d’abord se focaliser sur la population cible. Car malgré les prouesses chiffrées de l’expérimentation en officine (voir encadré), la couverture vaccinale globale de la population cible en France atteint péniblement les 45 %, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une couverture de 75 %.
Calendrier
Anne-Claire Amprou a rappelé l’ensemble du calendrier à tenir pour garantir la généralisation de la vaccination antigrippale à l’officine pour la prochaine campagne. « Au moins quatre textes sont attendus avant la fin du premier trimestre, à commencer par un décret en Conseil d'État pour préciser les modalités de mise en œuvre de cette nouvelle compétence vaccinale. Nous réfléchissons notamment à remplacer l'actuelle autorisation des pharmacies à vacciner délivrées par les agences régionales de santé par une simple déclaration. Mais rien n'est tranché. » Un autre arrêté fixera les objectifs pédagogiques et le cahier des charges de la formation à la vaccination. « Nous réfléchissons aussi à alléger la formation, non dans son contenu mais dans ses modalités, en limitant l’obligation présentielle », précise la directrice générale adjointe à la santé. Enfin, un dernier arrêté doit fixer les modalités de prise en charge par l'assurance-maladie, mais il dépend des négociations conventionnelles qui ont commencé le 24 janvier dernier.
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