LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Avène lance à l’automne une nouvelle campagne de formation à l’intention des pharmaciens. Pouvez-vous nous en résumer les objectifs ?
ÉRIC DUCOURNAU.- Il s’agit de la campagne One Smile. Un programme dédié à l’éducation thérapeutique autour des effets indésirables liés aux traitements des cancers. Cette formation s’appuie sur l’utilisation de plusieurs outils : un site internet, un film (accessible en ligne) des fiches techniques destinées au personnel médical, et un livre écrit par les spécialistes en onco-dermatologie Caroline Robert de l’Institut Gustave-Roussy, l’oncologue Jean-Pierre Delord et Vincent Sibaud de l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse. Cette démarche consiste à former le personnel médical et paramédical en contact avec les patients afin de les accompagner dans la réappropriation de leur estime de soi. Au-delà des oncologues, il nous a paru intéressant de déployer ce programme auprès des pharmaciens. Ces derniers sont souvent des auxiliaires de conseils de première intention sur beaucoup de questions relatives à la santé cutanée et à celle du cuir chevelu.
Le public aura-t-il accès à une information directe ?
Oui, car une partie du site One Smile est accessible aux non professionnels. Une brochure leur sera également distribuée. Celle-ci contient des conseils très simples à mettre en œuvre, par exemple ceux concernant le traitement des ongles, la chute des cheveux, l’augmentation de la photosensibilité ou la sécheresse cutanée.
Quand débute cette formation ?
Dès cet automne nous invitons les pharmaciens à s’inscrire aux sessions de formation qui auront lieu début 2016 en présentiel.
Une étude sur les bienfaits de la cure thermale Avène auprès des patientes ayant subi un traitement anticancéreux est en cours de publication. Quels en sont les premiers enseignements ?
Il s’agit d’une étude multicentrique randomisée et contrôlée qui a été menée à la station thermale dans les mêmes conditions que pour un médicament. Elle avait pour objectif d’évaluer la qualité de vie des patientes à l’inclusion et son amélioration au terme d’une cure de 3 semaines. Nous avons comparé un groupe de 35 curistes à un groupe de 33 non-curistes sur plusieurs critères : symptômes liés au cancer du sein, effets indésirables associés au traitement, image corporelle et donc estime de soi. Les résultats de cette étude ont déjà fait l’objet d’un poster présenté au Congrès mondial de dermatologie qui s’est tenu en juin à Vancouver. Elle montre les effets positifs très significatifs de la cure thermale à Avène sur la qualité de vie des patientes, sur les symptômes liés au cancer du sein (lymphœdème, induration), sur les effets indésirables et sur l’image corporelle. Des effets spectaculaires ont notamment été constatés sur le prurit et la sécheresse cutanée, facteurs invalidant de la qualité de vie. Cette étude était pour Avène une condition nécessaire pour lui permettre de lancer son programme One Smile dont elle est le fondement et la justification. Ses résultats ont également été au centre des discussions lors du premier Forum Dermatologique Pierre Fabre qui a réuni près de 800 dermatologues européens en avril dernier. En résumé, on peut dire que c’est la première fois qu’une cure thermale fait la preuve de son efficacité dans l’amélioration de la qualité de vie des patientes en oncologie.
Vous œuvrez depuis longtemps, notamment au travers des ETP Days, pour l’éducation thérapeutique du patient. Vous avez récemment annoncé que pour la première fois cet hiver, un ETP Day va cibler des pharmaciens. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les ETP Days sont le bras armé de la Fondation pour la dermatite atopique créée il y a une dizaine d’années par PFDC. Cette fondation intervient dans 16 pays en collaboration avec une soixantaine de services hospitaliers en dermatologie désireux de s’investir dans la formation des patients et de leurs accompagnants. Nous allons proposer cette année à des pharmaciens officinaux de s’associer à ces ETP Days. Concrètement, nous fournissons le matériel d’éducation thérapeutique qui comprend de nombreux outils d’aide à la gestion de la maladie, notamment chez les enfants. Par exemple « l’horloge de la dermatite atopique » pour noter au cours de la journée les différentes expressions de la maladie et les horaires de survenue des troubles. D’autres conseils aident les parents à repérer les signes devant déclencher le recours à la consultation médicale.
L’hiver dernier, nous avons déjà testé le concept à Paris auprès de plusieurs pharmaciens. Le 19 novembre prochain, nous allons le dupliquer dans 10 grandes villes en France avec un auditoire composé à 70 % d’officinaux et 30 % de dermatologues et d’infirmières spécialisées.
Où en est PFDC concernant le mouvement d’internationalisation des marques dont vous nous aviez parlé en 2014 ?
70 % de nos ventes sont désormais réalisées à l’international avec une progression à mi-2015 de 14 % contre 9,5 % l’an passé (à taux de change constants). Cette progression est liée notamment à l’ouverture de nouvelles filiales, par exemple en Corée en 2013, au Chili en 2014 ou en Afrique du Sud et Australie en 2015. De plus, nous lançons des marques sur des marchés où elles n’étaient pas encore présentes, comme notre marque premium de soins capillaires René Furterer en Chine. La Chine est d’ailleurs sur le point de passer en tête de nos filiales en chiffres d’affaires, devant l’Italie et l’Espagne. Nous comptons également accélérer notre développement au Brésil et allons y investir 10 millions d’euros dans l’usine qui produit notre marque locale Darrow. Avène, deuxième marque dermocosmétique mondiale avec une part du marché de 9 %, continue de se développer (+8 % en 2014). Au-delà de ces chiffres et quels que soient les marchés, nous avons pour priorité de rester étroitement connectés avec les professionnels de la dermatologie et de la pharmacie. Nous nous fixons comme règle de distribuer nos produits dans des circuits où ils peuvent bénéficier d’un conseil professionnel autorisé.
Quelque chose a-t-il changé chez Pierre Fabre vis-à-vis de la question de la vente en ligne ?
Nous n’avons pas de dogme et venons par exemple d’ouvrir un site de vente en ligne aux États-Unis pour Klorane et René Furterer. En Europe, nous continuons à ne pas souhaiter aller sur la vente en ligne. De notre point de vue, le circuit de distribution qui existe est déjà très bien maillé, il répond aux exigences des consommateurs et nous fournit l’environnement professionnel de conseil que nous souhaitons pour nos marques. La vocation première d’un fabricant n’est pas de concurrencer ses distributeurs, tant que ceux-ci respectent les marques qui leur sont confiées.
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