S’agit-il d’une répétition générale avant la vaccination de la population contre le Covid ? D'un exercice logistique grandeur nature ? Toujours est-il que l’État déploie les grands moyens pour pallier la pénurie de vaccins antigrippe qui sévit depuis la mi-octobre, date de lancement de la campagne. Le succès rencontré cette année par la vaccination antigrippe avait rapidement asséché les officines, contraignant l'État à commander 2,4 millions de doses supplémentaires à l’étranger.
Pharmaciens logisticiens
Au cœur de la logistique de cette distribution qui a commencé dès cette semaine, les pharmaciens d’officine et les grossistes-répartiteurs. Ils sont désormais chargés tant de l’approvisionnement des EHPAD et de la population en ville que de la remontée des besoins. Via une enquête adressée aux officines, les ARS et les URPS ont demandé aux pharmaciens d’interroger les EHPAD clientes pour connaître le nombre de doses nécessaires. En ce qui concerne les doses destinées aux patients de ville, le DP-ruptures sera utilisé par les pharmaciens comme canal pour informer chaque semaine les pouvoirs publics de l’état de leurs stocks en VaxiGrip Tetra et en Influvac Tetra, a confirmé Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) dans un Webinaire le 22 novembre. « Ces déclarations devront se faire en indiquant les codes CIP fictifs VaxiGrip Tetra : 3400900000013 et Influvac Tetra : 3400900000020 », précise le syndicat.
Priorité aux EHPAD
Un premier flux de 70 000 doses, exclusivement à destination des EHPAD, est en cours d'acheminement dans les officines. Il s’agit du vaccin FluZone HD (voir ci-dessous), importé des États-Unis. Un deuxième flux est prévu pour la semaine prochaine en fonction « des besoins exprimés par les EHPAD via une enquête spécifique », comme le précise la Direction générale de la Santé (DGS) qui indique que ces livraisons seront opérées par les répartiteurs selon un flux poussé. Ces approvisionnements seront doublés par des fournitures en doses de VaxiGrip Tetra destinées aux personnels des EHPAD.
Si, après avoir servi les EHPAD, les pharmaciens disposent de quantités résiduelles de vaccins FluZone, ils pourront les mettre à disposition des personnes de 65 ans et plus en ville, munies de leurs bons de vaccination, indique la DGS. Les quantités commandées pourront être contrôlées par les ARS.
En ville, enfants et patients cibles
À partir de la mi-décembre, les officines seront destinataires d’un troisième flux de vaccins en provenance de stocks de l’État. Ils seront à délivrer aux patients munis de bons de vaccination. 300 000 doses de Fluzone seront destinées aux personnes de 65 ans et plus, « qu’il conviendra d’informer, insiste Gilles Bonnefond, de la nature spécifique de ce vaccin quatre fois plus dosé que les autres ». Toujours selon les informations de l’USPO, 450 000 doses du vaccin du Laboratoire GSK, Influsplit Tetra (voir ci-dessous), seront livrées aux officines, ainsi que 250 000 vaccins VaxiGrip Tetra.
Enfin, nouveauté cette année, le réseau officinal recevra 180 000 doses de Fluenz Tetra du Laboratoire AstraZeneca (voir ci-dessous) en spray nasal réservé aux enfants de 2 à 17 ans. Si les trois premiers vaccins peuvent être administrés par le pharmacien aux patients munis de bons, ce n’est évidemment pas le cas du vaccin pédiatrique.
Aiguilles et notice en sus
Outre leur provenance, une autre caractéristique de ces vaccins des stocks de l’État est d'être conditionnés en boîtes de dix, à l’exception du Fluenz Tetra. Les équipes officinales devront par conséquent les déconditionner, y compris s’ils sont destinés aux EHPAD. Par ailleurs, en ce qui concerne le VaxiGrip Tetra, il s’agit d’un produit importé dont la notice est en suédois ou en finlandais. Comme le précise l’arrêté du 21 novembre, une notice en français devra l’accompagner, en EHPAD comme en ville. Sauf, précise l’USPO, si le pharmacien administre ce vaccin à l’officine.
Enfin, troisième particularité au sein de ces dotations d'Etat, le vaccin FluZone HD n’est pas doté d’aiguille. À charge donc au pharmacien de la fournir, indique la DGS qui préconise la commande d'aiguilles de type Becton Dickinson (BD Microlance 3 « Orange » 25G/longueur 16 mm : code 3401066106335 ou BD Microlance 3 « Bleu » 23G/longueur 16 mm : code 3401066104782).
Une facturation spécifique
Ces vaccins sont entièrement gratuits pour les résidents et les personnels des EHPAD et pris en charge à 70 % par l’assurance-maladie pour les patients en ville, sauf ceux bénéficiant d’une prise en charge au titre de l’ALD (100 %). Pour l’ensemble de cette mission, le pharmacien sera rémunéré selon une procédure particulière. Il percevra 1,99 euro TTC pour toute unité de vaccin délivrée qu’il facturera à l'assurance-maladie selon les quatre codes CIP précisés à l’arrêté du 21 novembre, montant majoré pour les DROM et COM d’un coefficient allant de 1,264 (La Réunion) à 1,36 (Mayotte).
S’ajouteront l’honoraire de dispensation à la boîte (1,02 euro), celui à l’ordonnance (0,51 euro) et éventuellement celui lié à l’âge (1,58 euro), soit environ 5 euros TTC au total. À noter que l’injection par le pharmacien sera rémunérée 6,30 euros HT (6,60 euros HT dans les DROM). Selon l’USPO, la campagne de vaccination lancée le 13 octobre a dépassé en un mois celle de l'an dernier, avec près de 10,7 millions de doses dispensées au 17 novembre, et 3,131 millions de personnes ont été vaccinées par leur pharmacien, soit 32,1 % des patients éligibles à la vaccination en officine. Cette année, la profession a déjà contribué à augmenter la couverture vaccinale contre la grippe de 4,4 %.
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