Le Quotidien du pharmacien.- La Haute Autorité de santé (HAS) recommande le test salivaire pour les personnes symptomatiques et en particulier celles pour lesquelles le prélèvement nasopharyngé est difficile. Adhérez-vous à cette cible ?
Pr. Bruno Lina.- Attention, cet avis de la HAS concerne uniquement le prélèvement salivaire et non le test salivaire complet. Il s’agit d’un avis de bon sens qui s’appuie sur l’analyse robuste de la littérature et des données récentes d’une étude française à laquelle je participe – et dont les conclusions sont attendues à la mi-octobre. Le but est de comparer les résultats des tests nasopharyngés et salivaires chez les mêmes personnes : 80 % seulement des personnes positives au test nasopharyngé le sont aussi au test salivaire. La sensibilité du test salivaire est donc plus faible. Nous constatons également que chez les asymptomatiques, le taux de détection du test salivaire tombe à 35 %. Nous avons un début d’explication qui n’est pas encore consolidé, à savoir que le virus réplique dans le nasopharynx et dans une moindre mesure dans l’oropharynx, mais pas dans la bouche. La salive ne fait donc que drainer le virus dans la bouche, ce qui se fait plus volontiers lorsque le patient est symptomatique, quand il tousse, etc. À la lumière de l’hétérogénéité de la littérature et des résultats préliminaires de l’étude Covisal, la HAS estime que le prélèvement salivaire est intéressant dans un contexte particulier, celui de patients symptomatiques, en particulier ceux chez qui le prélèvement nasopharyngé est difficile, voire impossible, comme ceux qui ont des complications de la cloison nasale.
La HAS souligne la facilité de ce prélèvement et envisage même l'autoprélèvement. Elle est aussi favorable à la mise à disposition de ces tests en pharmacie. Cela vous paraît-il être une bonne idée ?
Même si le prélèvement nasopharyngé reste la référence, la possibilité d’un autoprélèvement est tout l’enjeu du test salivaire. Car si le patient assume la collecte de sa salive, cela facilite toute la gestion du pré-analytique. Là encore, on parle bien d’autoprélèvement et non d’autotest. Cela signifie que la partie analyse continue à être réalisée par la technique de RT-PCR en laboratoire. C’est pourquoi, selon moi, si le dispositif de prélèvement salivaire peut être fourni en pharmacie, le patient devra quand même apporter son prélèvement au laboratoire pour analyse. En effet, avec un TROD, la moindre sensibilité des tests rapides s’ajouterait à la perte de sensibilité constatée avec le prélèvement salivaire plutôt que nasopharyngé. De plus, tous les cas positifs doivent être recensés dans une base de données pour le traçage, ce qui demande 10 minutes par cas et je ne pense pas que les pharmaciens ont le temps de s’y consacrer.
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques
Logigramme, formation…
Le dépistage de la cystite en pratique