D’ABORD des recommandations d’ordre général, mais qui n’en sont pas moins essentielles. Le patient dispose-t-il du numéro de téléphone du service d’oncologie hospitalier qui a en charge son traitement ? A-t-il été informé en détail des effets indésirables possibles ? S’il s’agit de possibles diarrhées en connaît-il la définition ? Dans quels cas convient-il de suspendre immédiatement le traitement ?
La plupart des types de toxicités sont « gérables », à condition de prendre le temps de les rechercher correctement et de les traiter précocement.
Voici quelques cas pratiques qui illustrent les problématiques susceptibles de se poser au comptoir. C’est ainsi, par exemple, que la prise de Navelbine (vinorelbine), en général une fois par semaine (de préférence avec une collation en milieu de matinée) doit être suspendue en cas de vomissements avec une absence de selles pendant plus de deux jours (ce médicament est très constipant, d’où la fréquente nécessité d’administrer préventivement un facilitateur de transit), de douleurs dans la bouche ou de fièvre Le patient demande aussi souvent quoi faire en cas de vomissements dans les heures qui suivent la prise du médicament. Dans le cas de la Navelbine, il ne faut jamais répéter l’administration de la dose.
L’erlotinib (Tarceva), quant à lui (à prendre à distance des repas, soit 1 heure avant ou 2 heures après), comme tous les inhibiteurs du facteur de croissance épidermique, induit très souvent une acné, dont le traitement sera d’ailleurs identique à celui d’une acné banale, sauf l’isotrétinoïne. Il est d’ailleurs parfois prescrit la prise de doxycycline (100 mg par jour) à titre préventif pendant le premier mois de traitement. Ce type de médicaments peut également entraîner des atteintes des ongles (paronychie) et une sécheresse cutanée rendant nécessaire l’emploi régulier d’un émollient.
Les antiangiogéniques, comme le sunitinib-Sutent et le sorafinib-Nexavar, sont, quant à eux, caractérisés par un risque élevé d’induction d’hypertension artérielle (encouragement à l’automesure), se développant le plus souvent les deux premières semaines du traitement, et de syndrome main-pied. Attention, certains antihypertenseurs sont déconseillés dans ce cas, comme la félodipine-Flodil, le vérapamil-Isoptine, la nicardipine-Loxen ou le diltiazem-Tildiem.
Gare à l’automédication.
Quel que soit le produit en cause, en cas de diarrhée, on conseillera d’éviter les épices et, bien entendu, les aliments accélérant le transit, comme les épinards, la rhubarbe et les pruneaux. Enfin, par prudence, mieux vaut déconseiller l’absorption de jus de pamplemousse. Le sevrage tabagique sera aussi de bon conseil. D’autant que le tabagisme actif diminue parfois considérablement l’exposition à certains anticancéreux oraux, comme l’erlotinib, par exemple (baisse de l’ordre de 50 %).
Le chevauchement d’ordonnances peut être parfois particulièrement délétère. C’est ainsi qu’on se méfiera tout particulièrement des inducteurs enzymatiques, comme les azolés par voie générale (traitement d’une mycose superficielle) et de certains antiépileptiques utilisés dans la lutte antalgique.
Enfin, il faut avoir toujours présent à l’esprit, que ces patients recourent très fréquemment à divers types d’automédication, notamment à base de plantes. Attention tout particulièrement aux produits renfermant du millepertuis !
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