Si l'on en croit un projet d'arrêté révélé en fin de semaine dernière, les pharmaciens devraient bientôt être autorisés à réaliser des TROD Covid-19. Une idée qui révulse les syndicats de biologistes, à tel point que certains d'entre eux évoquent ouvertement la possibilité de quitter le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens.
Dans un communiqué signé par plusieurs organisations de biologistes, l'arrivée probable de ces tests sérologiques en officine constitue ni plus ni moins qu'un « casus belli ». Pour eux, qui avaient déjà peu apprécié l'épisode des TROD angine et l'arrivée en officine de la vaccination antigrippale, le sujet des TROD Covid semble être la goutte d'eau qui fait déborder le vase. François Blanchecotte, président du syndicat national des biologistes, évoque même une rupture avec le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP). « Il faut quitter le CNOP, c'est ma conviction et je n'hésite pas à le dire. Il faut que nous devenions une profession à part entière. Le champ pris par les pharmaciens d'officine est devenu impossible à gérer, peut-être remplaceront-ils les médecins un jour, je ne sais pas… quoi qu'il en soit nous ne sommes désormais plus au stade du dialogue constructif avec le CNOP, ce temps-là est définitivement terminé », déclare-t-il au « Quotidien du pharmacien ».
Deux points sont souvent mis en avant par les biologistes qui militent contre la pratique du TROD Covid en officine : les difficultés d’utilisation et la complexité́ de l’interprétation des résultats de ces tests sérologiques. Ils évoquent notamment « le risque important de faux négatifs et positifs ; les incertitudes sur la durée de protection des anticorps ; la possibilité́ de contagion (que les tests soient positifs ou négatifs) », et vont même jusqu'à redouter qu'un patient « se croyant faussement protégé puisse être à l’origine d'un nouveau cluster ». Dans leur argumentaire, les biologistes estiment par ailleurs qu'il est impossible, en officine, d'assurer la traçabilité des résultats sérologiques avec rédaction d’un compte rendu biologique, rendant de fait impossible, selon eux, « un suivi épidémiologique optimal ».
Sollicité par « le Quotidien », le président de la section A de l'Ordre (titulaires), Pierre Béguerie, ne tient pas pour l'instant à s'exprimer sur le sujet des TROD Covid, ni sur la question du conflit avec les biologistes. À l’instar du reste de la profession, il attend de voir si et quand le fameux arrêté sera (enfin) publié.
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