L’absence d’autorisation de pratiquer le test rapide d’orientation diagnostique (TROD) de sérologie du Covid-19 en officine réveille l’amertume des officinaux quant aux TROD en général. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle à inverser la doctrine.
Toujours pas de TROD Covid-19 à l’officine malgré les appels du pied répétés des pharmaciens, la reconnaissance de cette mission par la Haute Autorité de santé et le soutien affirmé des patients. Il manque pour cela un arrêté rectificatif afin d'ajouter le Covid-19 aux pathologies qui peuvent faire l’objet d’un TROD réalisé par le pharmacien. Las d’attendre la parution hypothétique de ce texte, l’USPO appelle à modifier la doctrine.
Dans une visioconférence, hier soir, son président Gilles Bonnefond explique : « À partir du moment où un TROD existe et que sa qualité est certifiée, il doit être systématiquement disponible en officine. En cas de TROD particulier qui pourrait poser un problème de santé publique, il serait alors toujours possible au gouvernement de prendre un arrêté spécifiant qu’il ne doit pas être réalisé par le pharmacien. Il faut donc faire le contraire de ce qui est fait aujourd’hui, où chaque TROD pouvant être réalisé en pharmacie doit être ajouté à une liste positive par arrêté. »
Les TROD à l’officine font l’objet d’une véritable saga depuis 2013, date de publication du premier arrêté autorisant le pharmacien à pratiquer trois de ces tests (grippe, glycémie et angine). La fronde des biologistes aura raison de cet arrêté, annulé pour vice de procédure en 2015 par le Conseil d’État, republié en 2016 avec des restrictions d’utilisation pour le TROD glycémie, possible uniquement au cours d’une campagne de prévention du diabète. Depuis lors, les pharmaciens se sont lentement réappropriés les trois TROD réalisables. Un coup d’accélérateur conventionnel a été donné courant 2019 avec la prise en charge des TROD angine.
Alors que la profession, les étudiants, l’Académie de pharmacie et même la HAS prônent un élargissement des TROD qui peuvent être pratiqués en pharmacie depuis plusieurs années, l’absence de reconnaissance du rôle de l’officine dans la prévention et le dépistage du Covid-19 laisse un goût amer aux croix vertes qui ne se sont jamais éteintes depuis le début de l’épidémie. En cause ? La pression des biologistes, toujours très défavorables à la pratique de ces tests par les officinaux. « Une armée de biologistes dénigre la profession et ses compétences, ce n’est pas glorieux, s’agace Gilles Bonnefond. Nous sommes capables de sélectionner les patients éligibles, nous sommes capables d’interpréter les tests, nous sommes des professionnels de santé. Comme la vaccination, les TROD font partie du champ de compétences des officinaux comme dans celui d’autres professionnels de santé. »
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