Mesure prévue dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale, la possibilité donnée aux cabinets de radiologie d'acheter directement les produits de contraste nécessaires à leurs actes auprès des laboratoires pharmaceutiques, sans passer par les pharmacies, n'a toujours pas été digérée par la profession.
Le 5 mai 2023, à l'initiative de la direction de la Sécurité sociale et de l'assurance-maladie, les syndicats représentatifs de la profession, ceux des laboratoires pharmaceutiques (LEEM), des radiologues et les grossistes-répartiteurs ont été conviés à une réunion sur ce sujet. Un entretien qui aura laissé Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), sur sa faim. « Nous n'avons absolument rien appris, se désole-t-il. On peut avoir des doutes sur le fait que le dispositif soit prêt dès le 1er juillet, même si l'assurance-maladie nous a certifié qu'elle ferait tout pour respecter ce qui est prévu par l'arrêté, tout en s'assurant que cela n'entraîne aucun risque pour la santé publique », explique-t-il.
Pour rappel, les cabinets de radiologie pourront se fournir directement auprès des laboratoires pharmaceutiques pour l'achat des produits de contraste utilisés pour les IRM à partir du 1er juillet. Dès le 1er mars 2024, ils pourront en faire de même pour les produits de contraste utilisés pour les scanners. « Ce que nous demandons c'est de connaître les codes CIP des produits concernés et les modalités de reprise de ces derniers. Nous devrions avoir des éléments de réponse d'ici à la fin mai », ajoute Philippe Besset.
Également présent durant la réunion du 5 mai, Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) a lui aussi des doutes sur la tenue du calendrier annoncé. « Il semble peu probable que le nouveau circuit de distribution des produits de contraste soit prêt pour le 1er juillet. Les risques de rupture du parcours de soins et de non-accessibilité des médicaments sont donc particulièrement élevés. La direction de la Sécurité sociale et l’assurance-maladie ont cependant assuré que tout serait mis en œuvre pour que la mesure s’applique au 1er juillet. Un arrêté de radiation de remboursement serait d’ailleurs en cours de préparation », résume-t-il. D'ici là, il recommande aux officinaux « d’être vigilants lors de la commande et l’éventuel stockage de ces produits ».
Le président de l'USPO en profite pour rappeler son opposition à cette mesure qui « permet à l’assurance-maladie d’économiser 138 millions d’euros tout en revalorisant de 75 millions les cabinets de radiologie libéraux », selon ses calculs. « L'USPO n'a jamais été associée à la décision, pourtant, le directeur de la Sécurité sociale a confirmé, pendant cette réunion, que des concertations avaient déjà eu lieu avec certains représentants des professions de santé concernées. J’espère que ces derniers ont désormais pris conscience de l’impact d’un tel accord contre les officines », souligne-t-il. Au-delà de la mesure en elle-même, le président de l'USPO redoute que d'autres dispositions comparables ne soient prises à l'avenir. « Cette disposition représente une brèche dangereuse pour la qualité et le monopole pharmaceutiques. Demain, d’autres spécialités seront-elles concernées ? », questionne-t-il.
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