Désormais validés par la Haute Autorité de santé (HAS), les autotests par prélèvement nasal seront peut-être vendus en grandes et moyennes surfaces (GMS) d’ici à quelques jours. Une possibilité à laquelle s’opposent fermement les groupements de pharmacies d’officine.
Dimanche dernier, le Directeur général de la Santé (DGS), Jérôme Salomon, annonçait l’arrivée imminente des autotests « en supermarché ou en officine ». La possibilité de voir ce nouvel outil de dépistage disponible dans les rayons des grandes et moyennes surfaces suscite d’ores et déjà une levée de boucliers chez les représentants de la profession. « C’est une aberration, s’indigne Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Comment assurer la traçabilité des résultats s’ils sont vendus en supermarché ? C’est justement ce point qui pourrait bloquer leur arrivée en GMS. Selon mes informations, la cellule tests du gouvernement est favorable à l’idée que les autotests soient vendus en pharmacie dans un premier temps », explique Laurent Filoche. Sur la même position qu’Alain Grollaud, président de Federgy, Laurent Filoche pousse pour que les représentants de la profession adoptent une position commune et fassent front contre l’arrivée des autotests en GMS. « On peut envisager de les faire étiqueter comme dispositif médical de classe 2, comme le sont les lecteurs de glycémie dont la vente n’est possible qu’en pharmacie », propose-t-il.
Pour Laurent Filoche, il est acquis que les autotests ne pourront pas être disponibles cette semaine en officine, contrairement à ce qu'avait annoncé Jérôme Salomon. « Le temps que l’ANSM valide les tests, rien ne pourra être disponible avant début avril », estime-t-il. Une information que confirme Oren Bitton, directeur commercial de Biosynex, dont l’un des autotests est déjà validé en Allemagne. « Pour la France, nous attendons la validation de l’ANSM pour deux tests, et pour l’instant nous n’avons pas de retour. Nous avons anticipé la production mais nos tests ne pourront pas être disponibles avant fin mars dans tous les cas », confirme Oren Bitton, qui estime qu’il serait « tout à fait légitime que les pharmacies y aient accès avant la GMS ». Il faut aussi prendre en compte les habitudes des consommateurs. « En Allemagne, les supermarchés ou les drugstores vendent depuis longtemps des autotests, y compris pour le VIH, ce n’est pas le cas en France où ils sont seulement disponibles en pharmacie », ajoute-t-il. Autre différence notable entre la France et l’Allemagne : le remboursement des tests antigéniques et RT-PCR. Si les patients français n’ont rien à débourser lorsqu’ils veulent être testés pour le Covid-19, ce n’est pas le cas de l’autre côté du Rhin. « Nous avons beaucoup moins d’attente pour le marché français avec les autotests, on ne s’attend pas du tout aux mêmes volumes de vente qu’en Allemagne », reconnaît Oren Bitton.
Pour l’instant, Laurent Filoche voit difficilement comment les autotests sur prélèvement nasal pourraient être remboursés en France. En attendant de savoir quels tests seront validés par l’ANSM, il appelle ses confrères à la prudence s’ils souhaitent déjà en précommander. « Des gens malhonnêtes sollicitent les pharmaciens pour leur vendre des tests, il faut donc prendre des précautions. En cas de précommande d’autotests, il faut vraiment s’assurer que l’annulation est possible si jamais le test n’est finalement pas validé par l’ANSM », préconise-t-il.
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