Les syndicats continuent de s’opposer sur la portée de l’avenant n° 11 pour les prochaines années. La modification de la marge dégressive lissée (MDL), mise en place depuis le 1er janvier (voir encadré), doit apporter 70 millions d'euros au réseau. Mais les baisses de prix connues à ce jour devraient entraîner une perte de ressources de 141 millions d'euros, estime Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Selon lui, la perte atteindra même les 170 millions d'euros à la fin de l'année. « Voilà pourquoi nous n'avons pas signé l'avenant n° 11 », affirme-t-il.
À cette perte, il faut aussi ajouter la revalorisation salariale récemment intervenue qui va coûter aux entreprises 68 millions d’euros, indique le président de la FSPF, même s’il dit ne pas regretter d’avoir signé cet accord.
Signataire de l’avenant n° 11, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), assure que les dispositions prévues par ce texte vont, au contraire, permettre à la profession de renouer avec la croissance pour les trois prochaines années et de retrouver une évolution positive de la marge, ou au pire de la stabiliser (« le Quotidien » du 29 janvier). Il réfute le chiffre de 141 millions d’euros de perte de rémunération pour 2018 avancé par la FSPF, soulignant que la modification de la MDL va permettre d’atténuer l’impact des baisses de prix de 20 %. Selon lui, les nouveaux taux de la MDL vont même apporter un peu plus que prévu au réseau, entre 75 et 80 millions d’euros (au lieu de 70 millions d’euros). Quoi qu’il en soit, Gilles Bonnefond préfère attendre la fin du premier trimestre pour vraiment apprécier l’impact de l’avenant sur la rémunération. Et de souligner que, pour l’heure, une chose est sûre, les conséquences de la précédente réforme sont catastrophiques. « Nous avons perdu 175 millions d’euros en 2017 et, pour la première fois, la marge, en incluant les honoraires complexes et l’honoraire à la boîte, est passée sous la barre des 5 milliards d’euros », déplore le président de l’USPO. Gilles Bonnefond rappelle également que les missions, dont les bilans de médication, et la revalorisation des gardes ou de l’indemnité de transmissions des FSE, vont rapporter 30 millions d’euros au réseau en 2018 et ce, malgré la baisse de la ROSP générique. D’ailleurs, le président de l’USPO invite les confrères à s’engager dès à présent dans les bilans de médication, sans attendre la publication de l’avenant relatif à cette nouvelle mission au « Journal officiel ». « Il faut commencer à recruter les patients, explique-t-il. Quand le site sera disponible sur ameli.fr, il suffira de saisir la date à laquelle le bilan a été réalisé. »
De son côté, Philippe Gaertner explique que, certes, le volet « métier » de l’avenant n° 11 est censé faire entrer dans les caisses des officinaux 65 millions d’euros sur 3 ans, mais les nouvelles missions représentent aussi une charge de travail supplémentaire pour eux. « Ce n’est pas qu’un investissement de l’assurance-maladie », souligne le président de la FSPF, qui doute également que la nouvelle MDL et les nouveaux honoraires permettront, à terme, de diviser par quatre l’impact des baisses de prix. Pour lui, l’avenant n° 11 n’est pas meilleur que la précédente réforme instaurant l'honoraire à un euro. Il considère d'ailleurs que cette dernière a permis d'atténuer l'effet des baisses de prix sur la période conventionnelle allant jusqu'à mai 2017. Philippe Gaertner insiste aussi sur le fait que cette réforme s'accompagnait de dispositifs compensateurs, tels la ROSP générique ou le principe tiers payant contre générique.
Le directeur général de l’assurance-maladie, Nicolas Revel, mettra peut-être tout le monde d’accord. Lors des 10es Rencontres de l’USPO, il a en effet déclaré que, à ses yeux, l’avenant n° 11 est plus protecteur que la réforme précédente, tout en considérant que celle-ci a contribué à stabiliser l’économie officinale. Verdict à la fin de l’année.
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