Validée vendredi soir par l'Assemblée nationale, la création des brigades sanitaires suscite de vives inquiétudes parmi la communauté médicale.
Dès aujourd'hui, près de 4 000 agents des caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM) sont mobilisés pour identifier les personnes infectées et collecter des informations sur les personnes en contact avec elles. La mise en place des brigades sanitaires, ou « anges gardiens » selon l'expression du ministre de la Santé, constitue l'une des pièces maîtresses de l'exécutif pour casser les chaînes de contamination et réussir le déconfinement, amorcé ce 11 mai. Maillon essentiel du dispositif, les médecins généralistes sont désormais invités à signaler tout cas positif et à indiquer les coordonnées du malade sur une plateforme numérique. Un procédé qui peut s'avérer « efficace puisqu’il permettra de réaliser, outre le suivi médical des personnes infectées, le dépistage et l’isolement des personnes pouvant avoir été contaminées à leur contact », souligne l'Académie de médecine, qui ne se prive pas, néanmoins, d'émettre de sérieuses réserves. « Le dispositif proposé porte atteinte à deux droits fondamentaux », alerte en effet l'instance. « Il permet la circulation de données personnelles de santé (le cas échéant hors le consentement des intéressés), créant une exception à la libre volonté des personnes. D’autre part, il introduit une nouvelle dérogation au secret médical, principe majeur du droit des personnes et élément fondamental de la relation de confiance entre le médecin le malade », détaille le communiqué publié le 5 mai.
Des doutes auxquels a notamment répondu le directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) sur l'antenne de « RTL ». « Il n'est pas inédit qu'on suive des maladies contagieuses dans notre pays, mais si l'ampleur est totalement inédite, l'enjeu l'est également, a tenu à rappeler Nicolas Revel. Tous les jours, les médecins généralistes et l'assurance-maladie échangent des données de santé. Les équipes que nous allons mettre en place dans tous les départements seront composées d'un ensemble de compétences. Si nous loupons ce dispositif, si nous ne sommes pas assez rapides, le virus ira plus vite que nous », prévient-il. Nicolas Revel a ajouté que le rôle de l'assurance-maladie serait avant tout « de compléter ce que le médecin n'aura pas pu faire ».
Autre problématique à résoudre, les effectifs de ces brigades sanitaires seront-ils suffisamment fournis pour que ces dernières puissent assurer au mieux leur mission ? Le 5 mai, devant les sénateurs, Olivier Véran annonçait que 100 000 personnes seraient opérationnelles sur l'ensemble du territoire. Au vu du nombre d'agents mobilisés ce 11 mai, le chemin semble encore long.
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