Ces dernières semaines, Catherine Vautrin a elle aussi entendu certaines rumeurs. Celles qui prêtent à certains députés ou membres du gouvernement, en particulier à Bercy, des volontés de dérégulation, de libéralisation voire de remise en cause du monopole pharmaceutique. Lors d’un rendez-vous le 18 mars avec Philippe Besset, président de la FSPF, Catherine Vautrin a certifié que ces bruits de couloir « n’avaient pas atteint son ministère ». En préambule de l’entretien, la ministre a tout de même pris certains engagements à ce sujet. « Elle est résolue à lutter contre la financiarisation de la santé, rapporte le président de la FSPF. Elle a vu ce qui s’est passé pour les laboratoires de biologie médicale, pour les cabinets de radiologie… Pour elle, il n’est pas question de voir la même chose arriver pour la pharmacie d’officine. » Des « mots forts » que Philippe Besset a été satisfait d’entendre.
Catherine Vautrin a cependant confirmé que l’état d’esprit général du gouvernement était bien tourné vers la recherche d’économies et non vers des dépenses nouvelles. « Tous les ministères sont aujourd’hui soumis à une forte pression de Bercy. Si nous, pharmaciens, voulons obtenir des revalorisations, cela ne se fera pas sans contreparties », confirme Philippe Besset. Ce dernier a rappelé à Catherine Vautrin que la profession ne manquait pas d’idées pour aider l’État à faire des économies, que ce soit à travers la lutte contre la fraude, le bon usage du médicament ou encore la substitution par les biosimilaires. Autant de sujets qui sont actuellement au cœur des négociations conventionnelles avec l’assurance-maladie.
Durant cet échange, Catherine Vautrin a affirmé son intention de défendre les pharmacies rurales. La ministre a d’ailleurs fait une proposition plutôt inattendue au président de la FSPF : « Elle s’inquiète de la surconsommation de médicaments chez les personnes âgées, en particulier celles qui sont dans les EHPAD. Elle m’a demandé pourquoi ce n’étaient pas les pharmacies rurales qui s’occupaient de la gestion des médicaments pour l’EHPAD de leur village. Je lui ai rappelé que le précédent gouvernement avait permis à des pharmacies à usage intérieur parfois très éloignées de s’en charger. Pour Catherine Vautrin, ce système ne convient pas du tout. ». La ministre souhaiterait promouvoir un dispositif : la préparation des doses à administrer (PDA), comme cela se fait à l’hôpital. « Nous y sommes bien sûr favorables, souligne Philippe Besset. Il y avait d’ailleurs une expérimentation article 51 en ce sens, mais les textes réglementaires ne sont jamais sortis. Je l’ai rappelé à Catherine Vautrin, qui s’est engagée à faire en sorte que ces textes soient publiés le plus rapidement possible. » Reste à voir maintenant si la ministre tiendra sa promesse dans les jours qui viennent.
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