L’EXPÉRIMENTATION de la dispensation d’antibiotiques à l’unité a-t-elle du plomb dans l’aile ? L’annonce de boycott de l’URPS* pharmaciens d’Ile-de-France a, en effet, jeté le trouble. Mais deux autres régions désignées pour mener le test (le Limousin et la Provence-Alpes-Cotes d’Azur) sont partantes, tandis que la quatrième, la Lorraine, n’a pas encore pris de décision (voir ci-dessus). Quoi qu’il en soit, la position de l’URPS d’Ile-de-France n’est pas surprenante tant cette dispensation de médicaments au comprimé près a soulevé, dès le départ, de nombreuses réserves au sein de la profession. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) y est ainsi largement hostile, allant jusqu’à appeler, en mars dernier, tous les pharmaciens à ne pas se porter volontaires pour l’expérimentation. Pour le syndicat, celle-ci « renvoie le pharmacien à un simple rôle de distributeur de comprimés, qui devra découper des blisters avec sa paire de ciseaux ». Plus largement, l’organisation estime que « la dispensation à l’unité ne résoudra ni le problème de gaspillage de médicaments, ni celui de l’antibiorésistance ». Également opposée à cette dispensation à l’unité, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) considère pour sa part que la classe des antibiotiques n’est pas la plus appropriée pour réaliser une expérimentation. Car si les prescripteurs respectent les AMM, les conditionnements aujourd’hui disponibles sont tout à fait adaptés.
De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ne paraît pas franchement enthousiaste, mais ne s’oppose pas à ce projet, dans la mesure où il s’agit d’une disposition de santé publique visant à lutter contre l’antibiorésistance. C’est précisément l’argument avancé par la ministre de la Santé pour justifier cette mesure. Car, explique Marisol Touraine, « aujourd’hui, un médicament sur deux remboursé n’est pas consommé. Dans le même temps, beaucoup de patients pratiquent l’automédication et conservent leurs médicaments en vue de les réutiliser ». Pour la ministre, ce test permettra donc d’évaluer l’impact de la dispensation à l’unité sur la diminution du gaspillage, l’amélioration de l’observance, la réduction des risques sanitaires et la maîtrise des dépenses de l’assurance-maladie. L’expérimentation doit démarrer en d’octobre 2014 et s’achever en octobre 2015. Elle ne concernera pour le moment que quatorze molécules antibiotiques**.
**Amoxicilline-acide clavulanique, céfixime, cefpodoxime, céfotiam, ciprofloxacine, lévofloxacine, ofloxacine, loméfloxacine, péfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, énoxacine, fluméquine, thiamphénicol.
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