Après l’ultime réunion de négociations avec l’assurance-maladie qui s’est tenue hier, les deux syndicats d’officinaux avaient décidé de consulter leurs troupes. Résultat, l’USPO va signer l’avenant conventionnel, mais pas la FSPF.
La situation est à l’opposé de celle de 2014. Cette fois, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) signera l’avenant conventionnel introduisant de nouveaux honoraires (voir notre article « abonnés »).
Réuni en fin de matinée, son conseil d’administration s’est en effet prononcé « pour » à l’unanimité. Ce qui n’est pas le cas de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Je regrette que la FSPF ait choisi la voie de la facilité, indique Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Sa grille de lecture a plutôt été la défense de son syndicat et non la défense de la profession. C’est une stratégie tactique et en aucun cas prospective. » Certes, le président de l’USPO ne saute pas particulièrement de joie vis-à-vis du contenu du texte conventionnel négocié mais il estime que l’orientation prise est celle que son syndicat souhaitait, favorable depuis longtemps aux honoraires à l’ordonnance et non à la boîte. « Il y a deux différences avec la réforme de 2015-2016 : celle-ci s’est faite sans argent et sans filet, explique Gilles Bonnefond. Résultat, on a perdu 3 % de marge. Aujourd’hui, malgré un contexte économique général difficile, on nous accorde 280 millions d’euros pour accompagner la réforme. Bien sûr, j’aurais préféré davantage, mais le texte contient aussi des points positifs », avec notamment des garanties en cas de perte pour le réseau ou pour les pharmaciens à titre individuel.
Côté FSPF, les représentants des 92 syndicats départementaux ont voté à 626 voix contre 64, contre le texte de la convention. « C’est la manifestation d’un ras-le-bol général d’une profession qui a contribué plus que tout autre aux efforts d’économie », déclare Philippe Gaertner. Un constat teinté d’amertume pour le président de la FSPF puisque, regrette-t-il, « nous ne sommes pas parvenus à faire comprendre à l’État et à l’assurance-maladie que les pharmaciens ne pouvaient tenir dans ces conditions. D’autant qu’on leur demande toujours davantage avec des contraintes en matière de territoire, de permanence des soins, de travail le samedi et des gardes ».
Dans le détail, une enveloppe de 220 millions d’euros est allouée à l’évolution de la rémunération, selon l'USPO, tandis que le volet « métier » bénéficiera de 60 millions d’euros environ. Le nouveau texte conventionnel revalorise les entretiens pharmaceutiques (qui passent à 50 euros) et en assouplit les modalités. Il introduit également le principe de bilans de médication rémunérés et revoit à la hausse les honoraires de gardes en deux temps (en 2018 et 2019), ainsi que les indemnités par la transmission des feuilles de soins électroniques (FSE) et la mise à jour des cartes Vitale.
La FSPF interprète différemment ces chiffres. Le syndicat, qui ne conteste ni la trajectoire d’évolution du métier, ni le contenu global de l'avenant, en dénonce uniquement le périmètre financier. Il ne pouvait prendre d’autre décision au regard de l’enveloppe présentée par l’assurance-maladie. Initialement chiffrée à 300 millions d’euros avant les élections présidentielles, elle a été ramenée à 220 voire 200 millions d’euros. « On ne pouvait accepter un tel tendanciel basé sur les chiffres de 2016 arrêtés au 1er janvier 2017 et qui plus est ne tient pas compte des baisses de prix à venir. Non seulement l’économie officinale ne va pas aller mieux, mais, en plus, nous n’allons pas atteindre le point zéro », déclare-t-il. En d’autres mots, ce sont au moins 80 millions d’euros qui manquent chaque année aux officines, dont deux tiers d’entre elles seront perdantes. Un accord par conséquent « intenable » selon Philippe Gaertner, qui souligne par ailleurs plusieurs erreurs de calcul de la part de l’assurance-maladie. Un différentiel de 20 millions d’euros apparaît, selon lui, à la lecture des comptes.
La signature devrait intervenir dès la semaine prochaine, probablement jeudi 20 juillet. Gilles Bonnefond espère une application des mesures au 1er janvier 2018.
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