Alors que les initiatives provenant de régions ou de sociétés pour fournir des masques à la population se multiplient, les pharmaciens continuent à respecter les consignes en ne délivrant des masques qu’aux soignants et aidants. Mise en porte-à-faux, la profession demande au gouvernement de faire cesser cette situation.
Depuis quelques jours, certaines villes ou régions ont pris l’initiative d’organiser une fabrication locale et distribution de masques réutilisables à la population. Ainsi, dans les Hauts-de-France, 6 millions de masques en tissu, lavables et réutilisables, seront mis à disposition gratuitement des habitants souhaitant en porter à la sortie du confinement lié au Covid-19. En Auvergne-Rhône-Alpes, c’est 9 millions de ce même type de masque qu’a promis la région à la population. À Cannes (région PACA), la ville a décidé de ne pas attendre la fin du confinement pour équiper ses habitants. Mercredi, elle a démarré la distribution de 75 000 masques fabriqués par ses soins, en commençant par les commerçants et les personnes fragiles avant d'étendre la mesure la semaine prochaine au reste de la population.
De plus, certains distributeurs, comme des sociétés de maintien à domicile, ou des groupements de pharmaciens ont réussi à s’approvisionner via des filières d’importation afin de vendre au public des masques. Or les officinaux, qui appliquent les consignes du gouvernement, ne fournissent pas de masques à la population, mais seulement aux soignants et aidants habilités à en recevoir. « En tant que pharmacien d’officine, il est frustrant de ne pas pouvoir offrir une protection tant réclamée à la population », avancent l’Ordre et les syndicats de pharmaciens dans un communiqué commun. Aujourd’hui, ils appellent les pouvoirs publics « à faire respecter les modalités de distribution de ces masques par tous les circuits de distribution, sans exception ». Si cette stratégie venait à évoluer, la profession « demande que le gouvernement en édicte clairement les nouvelles modalités ».
Les instances professionnelles rappellent qu’elles ont demandé au gouvernement la possibilité de distribuer des masques non sanitaires normés au public, notamment dans la perspective de la sortie du confinement. « Il pourra s’agir d’une réponse apportée par les pharmacies d’officine, en complément du respect des gestes barrière. » Mais, jusqu'aujourd’hui, cette demande est restée sans réponse.
De son côté, Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), appelle les groupements à commander des masques. Il déclare que les groupements auront ce qu'il faut, même si - bien sûr - ils ne pourront pas équiper deux fois par jour 67 millions de Français. « Ce n'est d'ailleurs pas ce que nous demandons. Nous voulons juste pouvoir répondre à la demande, prioriser la distribution selon les quatre catégories que nous avons définies », précise-t-il. Laurent Filoche dénonce une nouvelle fois l'exclusion du réseau officinal de la distribution des masques au grand public, alors que « chaque jour, les pharmaciens sont sollicités par des patients au comptoir et entendent les inquiétudes des commerçants qui rouvriront leurs magasins le 11 mai sans pouvoir être équipés de matériel de protection ! »
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