La situation va de mal en pis en Guyane. Avec un taux d'incidence 10 fois au-dessus des seuils d'alerte et des décès quotidiens, le personnel de santé en Guyane est engagé dans une lutte difficile contre le Covid-19 et les antivax.
Comment renverser la vapeur ? L'interrogation est dans tous les esprits en Guyane. Dix mois après le début de la campagne de vaccination, le département français est toujours à la traîne. Un taux de vaccination tout juste au-dessus de 30 %, 500 nouveaux cas hebdomadaires pour 100 000 habitants, un taux de positivité des tests de 15 %… la tension hospitalière est quasiment à son maximum, dans un département pourtant très jeune (moyenne d'âge de 23 ans).
Cependant les efforts sont là. Pour venir au secours des pharmaciens, médecins, infirmiers et autres personnels hospitaliers en constant sous-nombre, des renforts arrivent toutes les semaines sur les tarmacs des aéroports, où ils se font parfois accueillir par des insultes et des quolibets par les antivax présents sur place. Les réserves de vaccins sont également pléthoriques.
« Dans un contexte de gestion de crise, beaucoup de moyens ont été mis à disposition », affirme Guillaume Icher, pharmacien à Cayenne. La profession est d'ailleurs en première ligne de la lutte contre la pandémie : « Les pharmacies sont devenues des centres de dépistages extrêmement utiles, et l'engagement des officinaux est très fort. Mais un pharmacien ne peut pas se permettre de passer 40 minutes avec un patient au comptoir pour le persuader, sans être certain que cela fonctionne. »
Cette défiance de la population envers les vaccins, très forte, n'est pas nouvelle, prenant sa source dans les scandales vaccinaires ultérieurs. Pour de nombreux Guyanais, le vaccin n'est qu'« un » des outils possibles pour lutter contre le virus. Beaucoup préfèrent se tourner vers des remèdes locaux et les croyances communautaires, propres à chacune des nombreuses cultures peuplant la Guyane, chacune avec son chef.
« En Guyane, la norme sociale c’est d’être non vacciné. Il faut lutter communauté par communauté, village par village », reprends Guillaume Icher. Les fake news circulent beaucoup plus vite que les informations concernant le vaccin, et les pharmaciens se heurtent à une barrière de la langue, mais aussi scientifique et méthodologique. Face à la pédagogie, l'anti-pédagogie a été bien plus intense. Et quelques exceptions mises à part, le monde politique sur place n'a guère soutenu l'appel à la vaccination.
Pas question, toutefois, de se désengager : « Peu importe, les menaces ne sont pas un souci. Se retirer serait un manque de respect pour les confrères et les vaccinés. Parfois il y a du désespoir, mais jamais de la résignation. Nous resterons présents jusqu'au bout », martèle Guillaume Icher.
*D'après l'événement café nile « Vaccination anti-covid en Guyane : quelles causes, quelles solutions »
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