C'est pour éviter la routine, et parce qu'il veut monter des projets, que François Larkin vient d'innover : sa pharmacie accueille désormais un coin d'optique, avec une opticienne diplômée à plein temps.
« Mon groupement, Pharmavie, m'avait incité à créer un corner, explique le pharmacien d’Eu (Seine-Maritime), mais le projet ne s'est pas réalisé. J'en ai parlé à des amis opticiens qui m'ont aidé à mettre en place le projet et le plan de financement. J'ai ensuite trouvé une opticienne. » Gwennaëlle Pillon souhaitait justement s'installer dans la région, mais pour un « projet novateur, pour remettre une dimension santé » dans le métier d'opticien.
François Larkin a dû procéder à quelques aménagements dans son officine et a investi 50 000 euros en matériel et en stock. Il a fallu trouver un verrier, choix aidé par ses amis opticiens, et adhérer à une centrale d'achat pour retenir des petits fabricants de monture, « en privilégiant les Français, dont un en Normandie, les autres dans le Jura ».
Contrôle non médical de la vue
L'initiative surprend et s'explique. La ville d'Eu est aux confins de la Normandie, le long du fleuve côtier Bresle, et forme avec le port du Tréport, du même côté du fleuve, et Mers-les-Bains, au nord du fleuve et en Picardie, ce qu'on nomme les Villes Sœurs : trois villes en continuité urbaine, pour un peu plus de quinze mille habitants. Les Villes Sœurs comptent plusieurs opticiens, mais plus d'ophtalmologistes depuis fin 2017 : des deux derniers, l'un a pris sa retraite, le second est parti pour l'hôpital de Dieppe, à 30 km plus au sud.
« La charte de déontologie de l'opticien, précise Gwennaëlle Pillon, lui permet de vérifier les prescriptions, la vision de près et la vision de loin du patient, pour une correction optimale, avant de lui délivrer les verres, de proposer une monture en fonction de la forme du visage, de la carnation de la peau, mais aussi du remboursement de sa mutuelle. » L'opticienne peut même aller au-delà : faire un contrôle non médical de la vue, comme pour cette patiente chez qui elle a soupçonné une cataracte. Dans ce cas, elle rédige un courrier à un ophtalmologiste avec qui elle a pris contact, l'informe de ses observations, prend un rendez-vous pour la patiente. « Les gens viennent me voir pour expliquer une gêne visuelle, pour un contrôle de lunettes, un renouvellement. »
Bouche-à-oreille
Les clients sont surpris de prime abord de voir cette nouvelle offre dans l'officine, relève François Larkin, mais il observe une habitude fréquente en optique de comparer les prix – ce qui n'est trop le cas en pharmacie —, et surtout que, le bouche-à-oreille aidant, de nouveaux clients viennent pour l'optique, n'étant pas clients habituels de l'officine.
Il avait déjà embauché une esthéticienne, également à plein temps, pour qui il a aussi fait aménager un coin confidentiel. La jeune femme dispense des soins, ainsi que des conseils en nutrition. Cela amène aussi la vente de produits. Il avait pensé à le faire pour de l'auditif, mais manque de place.
« Il faut se diversifier, affirme le confrère, car on est attaqué de partout, par exemple par la grande distribution qui fait de la parapharmacie. » Son officine emploie quatorze personnes, et réalise un peu plus de quatre millions d'euros de chiffre d'affaires. François Larkin avait relevé les bonnes marges de l'optique, et vise 100 000 euros de chiffre d'affaires dans l'année, 250 000 euros en régime de croisière, d'ici à quatre ans.
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