S'adressant au ministre de la Santé devant les élus locaux réunis au Congrès des maires à la Porte de Versailles (Paris), Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a appelé à reconsidérer les conditions d'installation dans certains territoires en proie à la désertification.
Dans l'Hexagone, 8 500 communes disposent d'au moins une pharmacie, et 5 000 n'en comptent qu'une seule. Une situation d'autant plus précaire que les fermetures s'accélèrent. 240 pharmacies, contre 200 en 2022, devraient avoir fermé leurs portes d'ici à la fin de l'année. Le réseau officinal a ainsi perdu quelque 4 000 pharmacies au cours des vingt dernières années. Cette hémorragie inquiète les maires qui assistent déjà, impuissants, à la fuite des médecins et à la détérioration de l'accès aux soins sur leurs territoires, comme en témoignent les alertes poignantes lancées hier à l'occasion de la table ronde « Accès aux soins : l'organisation locale au secours de la défaillance nationale » organisée lors du Congrès des maires.
Face à la déliquescence de l'offre de soins sur leur commune, certains élus locaux appellent à un retour des dérogations à l'installation des pharmacies d'officine. Rappelant que le système dérogatoire a été abrogé depuis de nombreuses années, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), comprend l'inquiétude de ces maires. Dans ce contexte, il se déclare favorable à un assouplissement, mais « avec tact et mesure » et au cas par cas. Pour le président de la FSPF, la solution n'est pas tant dans la révision des conditions d'accès à un réseau réglementé qu'est le réseau officinal, que dans le renforcement de l'attractivité du métier auprès des jeunes et de l'exercice en territoires ruraux.
Aux côtés de la formation continue, essentielle à un accès aux soins de qualité, la formation initiale doit elle aussi évoluer, insiste Philippe Besset, en référence aux manifestations d'étudiants en pharmacie le 21 novembre. Ceux-ci ont réclamé que soit enfin mise en œuvre la réforme du troisième cycle (R3C). Cette évolution du cursus est indispensable pour leur permettre d'obtenir les conditions matérielles afin de réaliser un stage de longue durée en officine, et dans les territoires les plus reculés de leur faculté. Cette revendication ne pouvait pas mieux tomber à l'heure où les élus locaux expriment au Congrès des maires leurs plus vives inquiétudes quant à la prise en charge médicale de leurs administrés, que ce soit dans la Sarthe, le Doubs, la Haute-Savoie ou la Seine-et-Marne.
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