La ministre de la Santé Agnès Buzyn suivra l'avis de déremboursement de l'homéopathie de la Haute Autorité de santé (HAS) en deux étapes : une baisse du remboursement à 15 % en 2020 avant le déremboursement total en 2021.
Dès le 1er janvier prochain, les granules actuellement remboursés à 30 % par l'assurance-maladie verront leur taux de prise en charge baisser à 15 %, avant déremboursement total au 1er janvier 2021. Une décision prise par l'Élysée après quelques tergiversations et qui lui aurait été dictée par la démission qu'Agnès Buzyn aurait mise dans la balance. Hier, les Laboratoires Boiron ont dénoncé une décision « incompréhensible et incohérente » et réclamé une rencontre en urgence avec le président de la République.
Du côté des pharmaciens, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) est satisfaite de la période transitoire avec un remboursement à 15 %, mais estime qu'elle est trop courte. Son président Gilles Bonnefond proposait en effet, plutôt qu'un déremboursement, une baisse du taux de prise en charge de 30 à 15 %, qui permettait de faire des économies pour l'assurance-maladie tout en conservant un prix encadré évitant toute flambée. « Agnès Buzyn mène un combat pour la science, comme elle le fait à l'encontre des antivax et cela avec succès. Il faut qu'elle continue le combat contre les dérives sectaires qui sont bien plus dangereuses que l'homéopathie, parce que dans ces pratiques il n'y a pas l'intervention d'un professionnel de santé, que ce soit un médecin, tout homéopathe soit-il, ou un pharmacien. Finalement l'homéopathie est une espèce de creuset pour ces personnes qui ont perdu confiance dans l'allopathie et qui évite qu'elles s'orientent vers des gourous et autres guérisseurs. »
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) rappelle la position de son syndicat : l'homéopathie a sa place dans l'arsenal thérapeutique du pharmacien. « Nous prenons acte du déremboursement et nous sommes attentifs à ce que l'homéopathie en tant que telle ne soit pas remise en cause ; c'est bien de déremboursement dont il s'agit. En ce qui concerne les pharmaciens, il faut maintenant prévoir une compensation économique à la perte de 135 millions d'euros de rémunération, majorée par l'avenant 11 qui a institué une marge de 10 % sur les médicaments homéopathiques, due au déremboursement. » Philippe Besset souhaite un accompagnement spécifique pour les officines en grande difficulté économique et celles spécialisées en homéopathie. « La période transitoire a été pensée pour se laisser le temps, notamment pour les renégociations conventionnelles. Ces 135 millions doivent impérativement revenir dans l'économie de l'officine, alors que l'année 2020 s'annonce très compliquée, avec un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020 qui va encore nous mettre sous l'eau. »
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