Dans une étude parue récemment dans le « Lancet Infectious Disease », une équipe de chercheurs néerlandaise menée par le Dr Brooke Nichols du centre médical Erasmus ont démontré que l'emploie de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) comme moyen de prévention des contaminations par le VIH au sein de la communauté des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) est coût efficace.
Ces résultats sont à rapprocher des données françaises présentées lors de la conférence de Durban, selon lesquels la PrEP sera coût neutre quand le Truvada sera génériqué. Les chercheurs du centre Erasmus ont monté un modèle mathématique, dont l'hypothèse de base est une efficacité de 80 % de la PrEP. Dans ce contexte, une année d'espérance de vie en bonne santé (QALY) obtenue grâce à la PrEP en continue coûte 11 000 euros en moyenne, soit moins que le seuil défini par la contribution d'un individu en bonne santé au PIB. Dans le cas de PrEP à la demande, la différence est plus franche, puisqu'une QUALY ne coûte alors plus que 2 000 euros en moyenne.
Les Français plus prudents
Ces résultats sont-ils extrapolables à la France où les consultations PrEP ont ouvert leur porte à la fin de 2015 ? « Nous avions présenté notre propre étude médico économique lors de la conférence internationale sur le Sida de Durban », explique au « Quotidien » le Pr Jean-Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP) et principal investigateur de l'essai ANRS IPERGAY. Selon ces résultats, la PrEP sera coût neutre lorsque les génériques du Truvada (emtricitabine, ténofovir disoproxil fumarate) arriveront sur le marché.
Dans ce travail mené par Isabelle Durand-Zalesky, directrice de l'unité de recherche clinique en économie de la santé d'Île-de-France, les Français ont adopté une approche différente de celle des Néerlandais. « Nous avons été plus prudents dans notre approche, en comparant les données sur un an », détaille le Pr Molina.
Selon les données d'IPERGAY : il faut que 18 personnes intègrent un programme de PrEP pour éviter une contamination. Le coût total d'une PrEP à la demande est de 4 812 euros par participant et par an et une année de traitement coûte 84 691 euros par an. La mise sous PrEP de 18 patients pendant un an coûte « 3 à 4 fois le coût d'un an de traitement évité », selon les auteurs. Dans le contexte actuel, la PrEP n'est pas « rentable ».
Premier générique du Truvada
Toutefois, les auteurs ont calculé que la PrEP deviendrait alors coût-neutre, c'est-à-dire qu'elle ne coûterait pas plus d'argent qu'elle n'en ferait économiser. Un cas de figure qui pourrait ne pas tarder, puisque l'agence européenne du médicament a donné un avis favorable à la mise sur le marché du premier générique du Truvada à la mi septembre.
« Une personne contaminée doit suivre un traitement antirétroviral toute sa vie, mais comme nous devions comparer le coût d'un an de PrEP, qui peut aussi être prise sur plusieurs années, nous n'avons pris en compte qu'une seule année de prise en charge d'un patient infecté, explique le Pr Molina. Cela peut conduire à une sous-estimation de l'intérêt financier de la PrEP, d'autant plus que nos travaux ne prennent pas non plus en compte le nombre d'infections secondaires également évitées. »
À l'heure actuelle, environ 2 000 personnes en France ont intégré un programme de PrEP, dont plus de 700 dans le service du Pr Molina. « On s'inquiète pour l'année prochaine, avoue-t-il, nous avons du mal à obtenir les moyens nécessaires au maintien de cette activité, activité qui devrait d'ailleurs continuer d'augmenter avec le récent démarrage de la campagne de Santé Publique France sur la prévention du VIH. »
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