Pour le président de l’Ordre fédéral des pharmaciens, Andreas Kiefer, « le cannabis constitue une nouvelle option thérapeutique pour les médecins ». Les pharmaciens se réjouissent, poursuit-il, que, « comme nous l’avions demandé depuis très longtemps, le cannabis médical soit désormais considéré et délivré, dans le respect contrôlé de la qualité pharmaceutique, comme n’importe quel autre médicament ». Toutefois, a ajouté M. Kiefer, le cannabis médical peut avoir comme tout produit actif des effets indésirables et ne doit pas faire croire à l’opinion publique que le cannabis récréatif est inoffensif : « si l’on envisage d’autoriser ce dernier, il faudra bien en peser les risques, que ce soit en matière d’augmentation des accidents, d’association avec des troubles comme les angoisses et les dépressions ou de risque de dépendance », a-t-il précisé.
La question du cannabis médical agitait le monde sanitaire allemand depuis plusieurs années. Concrètement, le pays autorisait déjà les prescriptions de dronabinol, de nabilone et, plus récemment, de Sativex en spray. Mais ces prescriptions ne concernent à ce jour que 900 patients dans tout le pays, car elles exigent une autorisation préalable, dûment justifiée, de l’Office fédéral des stupéfiants : un parcours du combattant pour les prescripteurs comme pour les patients, qui, de plus, doivent commander le médicament à l’étranger.
Une fois la nouvelle loi publiée au « Journal officiel », sans doute en mars, tout médecin pourra prescrire des fleurs de cannabis, à l’image de celles produites aux Pays-Bas sous la marque Bedrocan. Ce dernier, ou son équivalent, sera disponible en pharmacie. Il sera remboursé aux patients dans un certain nombre d’indications, notamment les douleurs et les effets secondaires des chimiothérapies, mais aussi lorsque le médecin estime qu’il constitue le traitement le mieux adapté aux besoins de son patient, en l’absence de tout autre moyen thérapeutique. Les caisses de maladie, qui auraient souhaité pouvoir émettre une autorisation préalable avant tout remboursement, ne pourront finalement le faire que pour des motifs précis. L’Allemagne va prochainement produire elle-même du cannabis médical, afin de ne plus dépendre comme aujourd’hui des importations hollandaises, canadiennes ou tchèques.
L’Ordre des pharmaciens appelle les officinaux à se former spécifiquement à ces produits, mais aussi à mieux conseiller les patients sur le cannabis en général, avec des procédures claires de conseil et de délivrance. Il invite par ailleurs les pharmaciens à expliquer aux acheteurs que le cannabis médical n’est en aucun cas un « produit miracle ». Selon les autorités chargées du contrôle des produits stupéfiants, les mises en vente de cannabis médical dans les pharmacies des pays où cela est autorisé connaissent au début un fort pic de prescriptions, mais cette phase « euphorique » décline assez rapidement, les ventes régulières devenant alors beaucoup moins nombreuses, en concernant surtout des patients qui ont épuisé toutes les autres voies thérapeutiques pour soulager leurs maux. En d’autres termes, ce n’est donc pas le cannabis qui fera planer très haut les chiffres d’affaires des officines…
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