LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quels axes de travail souhaitez-vous développer durant cette année de présidence ?
NASSIM MEKEDDEM.- Tout d’abord, afin de mieux prendre en considération les questions sociales qui concernent les étudiants en pharmacie, nous avons créé cette année, à l’ANEPF, un poste de chargée de mission des affaires sociales, tenu par Meryl Srocynski (étudiante en 3e année à Toulouse). En effet, il est ressorti du Grand entretien de l’ANEPF, étude menée en 2014 auprès de plus de 3 200 étudiants en pharmacie, que ces derniers n’étaient pas à l’abri de difficultés sociales (voir « Le Quotidien » du 4 mai dernier). L’objectif de ce nouveau poste est de dégager des pistes de travail, puis d’initier des actions concrètes auprès des étudiants. Déjà, nous songeons à mettre en place une bourse destinée aux étudiants qui sont le plus dans le besoin. Bien sûr, il nous reste à définir les critères précis d’attribution de cette bourse et à trouver les moyens de la financer en sollicitant des fondations, des organismes publics ou des dons d’anciens étudiants en pharmacie.
Vous aviez également mis en évidence, dans le Grand entretien de l’ANEPF, que la filière pharmacie manquait de visibilité auprès des lycéens, avec 82 % des étudiants en pharmacie qui estimaient avoir été mal informés sur la filière avant le baccalauréat.
En effet. C’est pour remédier à cette méconnaissance des lycéens que l’ANEPF a créé un kit d’orientation de la filière pharmacie destiné aux associations étudiantes locales. Celles-ci pourront s’appuyer sur cet outil pratique lors de leurs visites dans les lycées, pour informer au mieux les jeunes sur les nombreux débouchés qu’offre la pharmacie. Ce kit a été lancé lors du congrès de l’ANEPF qui s’est tenu à Bordeaux du 26 au 28 juin derniers. Par ailleurs, nous allons également intensifier l’information sur la filière pharmacie auprès des étudiants en première année de Paces, car l’étude de l’ANEPF a montré que 36 % d’entre eux avaient choisi la filière pharmacie par défaut.
En parlant de la Paces, où en est-on de la réforme des études de santé ?
Il sera possible de tirer les premières conclusions de cette réforme tant décriée à la fin de cette année, qui verra sortir la première promotion de pharmaciens ayant expérimenté la Paces. Nous suivons de près ce dossier et nous participerons aux discussions sur les adaptations possibles de la réforme. Aussi, nous gardons un œil sur les autres projets gouvernementaux : la création d’une licence santé et la réforme du troisième cycle pour les étudiants en pharmacie engagés dans l’internat.
Par ailleurs les étudiants ont vivement critiqué le manque d’intérêt des enseignements en pharmacie, notamment des cours magistraux : 35 % des étudiants avouent y assister rarement, voire jamais.
Tout d’abord, rappelons que ce désintérêt des cours magistraux n’est pas propre aux facultés de pharmacie. Ensuite, cet absentéisme souligne le besoin de revoir la méthode pédagogique des cours magistraux. Beaucoup d’étudiants ne veulent plus subir un cours, assis au fond de l’amphithéâtre, mais souhaitent y participer activement. Ce qui est possible en intégrant davantage le numérique aux cours, avec des QCM interactifs, en faisant plus de Travaux Dirigés, etc.
L’année dernière, l’ANEPF a pris position sur des sujets concernant le monde professionnel, notamment sur la vaccination. Comptez-vous poursuivre dans cette voie ?
Bien sûr, car tous les étudiants en pharmacie sont voués à devenir des professionnels de santé. L’ANEPF a donc son mot à dire sur tout ce qui concerne le monde professionnel, qui sera le nôtre demain. Nous l’avons effectivement déjà fait en nous positionnant en faveur de la vaccination à l’officine. Et aujourd’hui, nous comptons bien participer activement à la grande conférence de santé, être force de proposition et remonter auprès des autorités de santé l’avis des étudiants concernant leur projet.
Pour revenir sur la vaccination à l’officine, quel est votre discours aujourd’hui, maintenant que ce projet de loi a été débouté ?
Si la vaccination à l’officine est mise entre parenthèses en France, il ne faut pas en abandonner l’idée. Tout peut encore changer. D’ailleurs, l’Association européenne des étudiants en pharmacie (EPSA) vient de se prononcer pour que le droit de vacciner à l’officine soit étendu à tous les pays européens. Déjà, sa mise en place en Grande-Bretagne, en Irlande et au Portugal prouve que l’on peut obtenir une réelle amélioration de la couverture vaccinale. En France, nous sommes d’autant plus favorables à cette idée que la couverture vaccinale, notamment en ce qui concerne la grippe, est bien trop faible. De plus, avec l’élargissement du dossier pharmaceutique qui permet aujourd’hui de conserver les données vaccinales durant 21 ans, l’outil informatique est prêt pour que la vaccination soit organisée à l’officine, de façon encadrée, avec une formation adéquate des officinaux.
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