« Nous agissons en preneurs d'otage. Pour prouver que l'otage est encore en vie, et toucher la rançon, on le photographie avec le journal du jour : on va photographier nos clients avec « le Quotidien du pharmacien » du jour en main ! », s'exclame Éric Bot, pharmacien à Loison-sous-Lens (Pas-de-Calais). En cause, la quantité de refus de paiement de la part de la Mutuelle générale de santé (MGS), laquelle conteste l'adhésion d'adhérents, et demande aux pharmaciens d'en prouver la validité.
Éric Bot est également président de la Cogephar, une coopérative de gestion du tiers payant qui regroupe six cents pharmaciens. Deux des organismes qui recouvrent pour les pharmaciens le ticket modérateur l'ont, en effet, avisé des difficultés répétées de remboursement de la part de cette mutuelle, dont le siège est à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). « Cette mutuelle a pratiqué des hausses tarifaires importantes, explique-t-il, entraînant le départ d'adhérents vers d'autres mutuelles. Mais la MGS avait auparavant édité des cartes pour l'année 2016, que nos clients nous ont présentées. » La société SICORFE, un des concentrateurs, a donc écrit aux pharmaciens pour qu'ils vérifient la carte de mutuelle des clients, et leur demander s'ils n'en sont pas radiés. « De janvier à mai, la MGS a refusé 1 700 factures par semaine en moyenne, précise Jean-François Warlop, directeur de la société Action, gestion et traitement informatique professionnel (AGETIP), autre société de gestion du tiers payant, qui compte neuf cent cinquante-trois clients professionnels de santé, dont neuf cent vingt et un pharmaciens, 80 % en Nord-Pas-de-Calais. En juin, les rejets étaient de 800, et de 500 par semaine de juillet à septembre, alors que nous avions alerté les pharmaciens. » Constatant « l'explosion » du taux des rejets, de 8 % habituellement à 55 % en juin, Jean-François Warlop avait en effet écrit à la MGS. « Celle-ci a beaucoup radié au mois de mai, mais les pharmaciens ne l'ont pas su. C'est pourquoi nous leur avons indiqué de demander leur carte aux clients car la MGS affirmait avoir récupéré les cartes des bénéficiaires radiés. »
« La moitié de nos adhérents nous ont quittés en mai, convient Jean-Claude Henneuse, directeur de la MGS, en raison de problèmes internes de courtage. Mais nous avons récupéré les trois quarts de ces 30 000 cartes de bénéficiaires radiés. » Selon lui, les problèmes sont « en phase de régularisation », mais il reste nécessaire que les pharmaciens vérifient la validité des cartes.
Ne rien céder
La revue de consommateurs « Que choisir ? » avait publié, en décembre 2015, le courrier d'un lecteur adhérent à la MGS, s'étonnant d'une cotisation mensuelle qui était passée de 66 euros à 82 euros, puis à 95 euros. « Mais deux cent soixante-dix pharmacies ont encore des impayées, trois factures en moyenne, mais dix-huit pour certaines, rappelle Jean-François Warlop. Il s'agit d'un problème de confiance car le justificatif que remet une mutuelle à un adhérent, sa carte, l'engage jusqu'à la fin de droit. Cette confiance est indispensable au recouvrement du tiers payant, et la MGS la remet en cause. Nous disons aux pharmaciens de ne rien céder. »
« Les pharmaciens doivent se serrer les coudes, reprend Éric Bot, pour éviter que le problème ne se reproduise, ni ne prenne de l'ampleur, ce qu'on peut craindre si les mutuelles constatent que nous ne réagissons pas. Ce sera le Far-West. »
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