Chaque année, 6 000 jeunes européens meurent du cancer en Europe, et deux tiers de ceux qui survivent souffrent des effets secondaires liés au traitement. Dans 35 % des cas, ces cancers surviennent avant l’âge de 5 ans. Selon le rapport de la société européenne d’oncologie pédiatrique (SIOPE) présenté ce samedi au congrès européen de cancérologie (ECC) de Vienne, il existe des trous importants à combler dans la connaissance de ces pathologies, ainsi que des améliorations à apporter dans le suivi des survivants. Des efforts qui nécessiteront un investissement supplémentaire.
Selon les deux principaux auteurs du rapport, le Pr Gilles Vassal, de l’institut Gustave Roussy et le Martin Schrappe, de l’université de Kiel, en Allemagne, il existe une tendance à considérer que, de part leurs taux de guérison d’environ 80 %, les cancers pédiatriques ne constituent pas un enjeu majeur de santé publique. « Ils estiment que les efforts devraient être concentrés sur la prévention du cancer de l’adulte et sur la transformation du cancer en maladie chronique chez le patient âgé », constatent les auteurs.
Parmi les principales difficultés mises en avant par les auteurs, figure l’accès aux nouvelles molécules, très inégal en Europe. L’oncologie pédiatrique est une discipline qui reste trop isolée de l’oncologie de l’adulte.
Le rapport plaide pour une mobilisation des financements. « Le cancer de l’adulte est le résultat d’un processus en plusieurs étapes, généralement provoqué par une exposition prolongée à des produits carcinogènes comme le tabac, l’alcool ou un mauvais régime alimentaire, explique le Pr Martin Schrappe. Les tumeurs pédiatriques, au contraire, se développent tôt dans la vie et sur une période bien plus courte. Cela suggère qu’il existe des événements moins fréquents mais bien plus puissants qui sous-tendent les cancers pédiatriques. Par ailleurs, comparés à celles de l’adulte, les cellules tumorales de l’enfant présentent bien moins d’anomalies génétiques. » Les auteurs du rapport insistent sur la nécessité de renforcer les liens entre les équipes de recherche fondamentale, et les réseaux de centres hospitaliers afin de mieux comprendre les mécanismes spécifiques d’apparition des cancers pédiatriques.
Un passeport de survivant
Les auteurs se sont aussi penchés sur la qualité de vie des survivants du cancer, considérés comme les grands oubliés de la santé publique. « Plus de 300 000 Européens sont des survivants de cancers pédiatriques dont le risque de décès reste supérieur à celui de la population générale, même plusieurs années après leur guérison, expliquent-ils, en 2020, ils devraient être près d’un demi million, dont beaucoup souffriront d’effets secondaires handicapant pour leur vie de tous les jours. »
Une solution proposée est la création d’un « passeport de survivants » contenant l’historique de la maladie et des traitements subis, ainsi que le compte rendu des consultations de suivi menées depuis la fin de la maladie et des informations sur l’évolution de la qualité de vie.
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