À la suite d'une rencontre avec les associations de patients, la ministre de la Santé Agnès Buzyn est revenue sur le changement de formule du Lévothyrox. Si elle reconnaît un défaut d'information, la ministre réfute tout scandale sanitaire : « Il n'y a pas de faute, il n'y a pas de fraude, il n'y a pas de mise en danger de la vie des gens ».
La ministre de la Santé ne nie pas les effets secondaires « réels, notables et parfois très invalidants » rencontrés par les patients sous Lévothyrox (lire notre article « abonné »), « mais ils sont passagers pour la plupart d'entre eux » et « ne mettent pas en danger la vie des patients ». Agnès Buzyn rappelle à son tour que « le seul danger pour la santé des patients est d'arrêter leur traitement ; ils trouveront le bon dosage avec l'aide de leur médecin ». Le Collège de médecine générale a, lui aussi, insisté sur les risques de ne plus prendre son traitement.
La ministre précise que la nouvelle formule du Lévothyrox (lévothyroxine) est commercialisée aux États-Unis depuis une dizaine d'années, « sans alerte sanitaire à déplorer » et que « tous les pays européens effectuent cette même démarche de changement de formulation ». Agnès Buzyn a par ailleurs démenti certaines rumeurs affirmant que le Lévothyrox était fabriqué hors d'Europe : son principe actif est fabriqué en Allemagne, ses excipients proviennent de France et d’Italie.
Le ministère de la Santé a également annoncé deux mesures phares. La première est la constitution d'un groupe de travail « pour mieux informer les patients et les professionnels de santé sur les médicaments ». La seconde est une volonté d'ouvrir le marché français à d’autres médicaments à base de lévothyroxine et notamment à des génériques. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) prend actuellement contact avec les laboratoires concernés. Son directeur général, Dominique Martin, rappelle qu'à ce jour, « environ 5 000 signalements liés à la nouvelle formule du Lévothyrox ont été effectués sur le portail de signalement-sante.gouv.fr, et sont en cours d’analyse par les centres régionaux de pharmacovigilance. Il faudra attendre octobre pour avoir les premiers résultats ».
De son côté, le laboratoire fabricant a déclaré hier : « A ce stade, il n'y a aucun effet indésirable dont la cause est liée au médicament. Les symptômes relatés sont classiques d'un dysfonctionnement thyroïdien. » Merck KGaA, tout comme la ministre de la Santé, a répété qu'il n'était pas question de revenir à l'ancienne formule, moins stable sur la durée et d'un lot à l'autre.
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