En adoptant définitivement la loi santé, les sénateurs, à l’instar des députés, ont envoyé hier un signal fort contre la désertification médicale et ses effets sur l’accès aux soins des Français.
Le message est clair. La loi santé qui a successivement passé le cap de l’Assemblée nationale, le 10 juillet, puis celui du Sénat, hier, traduit avant tout la nécessité de réformes en faveur des territoires en tension. Au rang des mesures phare énoncées par ce texte, on retiendra la fin du numerus clausus qui relèvera de 20 % le nombre de médecins formés dans dix ans, la labellisation de 500 à 600 « hôpitaux de proximité », un stage de six mois obligatoire pour les étudiants en médecine qui leur permettra de découvrir l’exercice ambulatoire mais aussi, pour les pharmaciens, la possibilité de dispenser des médicaments à prescription médicale obligatoire (PMO) sur la base de protocoles (voir article «abonné»).
Cette nouvelle disposition constitue sans nul doute l’une des principales avancées qu’a connues la profession au cours des dernières décennies. Pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la dispensation protocolisée est à inscrire au même registre que « la substitution générique, la loi HPST qui fait entrer le pharmacien dans le soin de premier recours et la convention pharmaceutique de 2012 qui transforme le mode de rémunération du pharmacien en honoraire ».
Une seconde disposition de la loi identifie elle aussi le pharmacien comme acteur de santé de proximité et l'implique dans l’exercice coordonné. Il s’agit de la généralisation du cadre simplifié du pharmacien correspondant. Ce statut permettra de renouveler les traitements chroniques et d’adapter les posologies. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), y voit un élément supplémentaire dans le mouvement enclenché par l’accord ACI sur les CPTS. « Toutes ces réponses concrètes qui renforcent le rôle du pharmacien vont dans le sens de la coordination des soins. Elles vont permettre de faire face à la situation abominable qu’est la réduction dramatique du temps médical dans les territoires et qui ne pourra se résorber qu'à partir de 2027 ! », remarque-t-il.
L’Ordre national des pharmaciens souligne que le texte de loi met à jour la définition de l’officine « pour prendre en compte l’évolution du métier : entretiens pharmaceutiques, vaccination etc. ». La loi santé donne également la possibilité aux pharmaciens de prescrire certains vaccins de PMO et de substituer par un autre produit en cas de rupture de stock d’un médicament d’intérêt majeur thérapeutique (MITM). S’il se réjouit des réelles avancées que contient ce texte, l’Ordre n’en affirme pas moins qu’il s’attachera « à suivre les autres mesures accompagnant le plan « Ma santé 2022 », notamment dans le cade du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ». L’Ordre se déclare par ailleurs très attentif au calendrier de parution des textes d’application de la loi santé. Cette vigilance n’est pas superflue lorsque l’on sait que plusieurs textes législatifs précédents ne sont toujours pas mis en œuvre, faute de décret d’application.
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