En six chapitres, les auteurs proposent un tour non exhaustif mais éloquent de la défiance en santé : le scandale des antivaccins, la discorde autour de Lyme, les régimes diététiques et l’intolérance au gluten, le dénigrement des statines, les vrais et faux scandales sanitaires, le défi de l’information médicale. Au fil des pages, six professeurs en médecine – Matthieu Allez, Brigitte Autran, Jean-François Bergmann, Alfred Mahr, Jean-Michel Molina et Mathieu Zuber – interviennent pour apporter leur avis d’expert.
Le but ? Mettre à mal la désinformation qui pousse des patients à arrêter leur traitement, des parents à ne plus vacciner leurs enfants et à contribuer à la réémergence de maladies infectieuses, et qui aboutit à des retards de prise en charge aux conséquences parfois fatales. Une désinformation à combattre à tous les niveaux, y compris celui des autorités et parmi les pairs. Parmi les exemples fournis par les auteurs, celui de la « maladie de Lyme chronique » est évocateur. Car même si la réalité de cette pathologie « n’est pas admise par la communauté scientifique », ils remarquent des prises de position « trompeuses de la part de certains professionnels, et parfois des autorités, dans un esprit de pseudo-compassion » qui, au lieu de protéger les plus vulnérables, favorisent les « théories les plus irrationnelles ».
Coulisses du doute
Autre exemple, celui du programme de vaccination contre l’hépatite B, interrompu en 1998 en France « sous la pression de l’opinion publique » pour une rumeur ensuite réfutée par les études scientifiques nationales et internationales. « Pourquoi le public et les instances politiques ont-ils refusé de croire les arguments scientifiques établis en faveur de l’innocuité du vaccin ? Pourquoi le risque bien réel lié à l’hépatite B et parfaitement démontré par l’épidémiologie a-t-il été négligé, alors qu’un risque hypothétique était magnifié au point de devenir un cheval de bataille pour certains lobbys ? », s’interrogent les auteurs qui en soulignent les conséquences juridiques inattendues.
Et que dire du cas Wakefield et de son étude frauduleuse sur la rougeole publiée en 1998 ? Ce même Wakefield qui a fait subir des examens « pénibles et non dépourvus de risques », sans raison médicale mais pour les besoins de sa fameuse étude, à des enfants sans en informer les parents. Malgré la fraude avérée, le rejet de l’ensemble de la communauté scientifique et son interdiction d’exercer au Royaume-Uni, l’homme, désormais installé aux États-Unis, poursuit son travail de sape, notamment à travers la diffusion de son film « Vaxxed ». Et continue d’obtenir l’adhésion d’une partie du public.
À défaut d’apporter des solutions clés en main pour éradiquer les fake news, « Médecine Bashing » dévoile les coulisses du doute anti-science et la part de responsabilité de chacun, autorités de santé comprises.
* Bashing : dénigrement collectif, violent, systématique et habituel qui peut s’apparenter au lynchage.
« Médecine bashing, réponses aux détracteurs de la science médicale », de Carole et Daniel Séréni, éd. du Cerf, coll. Penser la médecine, 289 pages, 20 euros.
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