C’EST UN PARADOXE. Les vaccins sont souvent critiqués. Mais quand ils viennent à manquer, l’angoisse monte dans la population. Au comptoir, il faut rassurer, alors même que l’on a rarement de visibilité sur leur retour dans le circuit de distribution. C’est exactement la situation à laquelle sont confrontés les pharmaciens depuis plusieurs mois avec les tensions d’approvisionnement rencontrées sur les vaccins BCG et coqueluche. Les autorités sanitaires ont pris la menace très au sérieux et des mesures ont été mises en place depuis la fin de l’année dernière pour ne pas compromettre la vaccination des enfants. L’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a d’ailleurs tenu à être rassurante, jeudi dernier, en indiquant qu’il n’y aurait aucune rupture de stock franche. Le message est clair : les parents ne doivent pas s’inquiéter, car les enfants dont la vaccination est fortement recommandée restent prioritaires et peuvent être vaccinés dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI).
BCG : retour à la normale en juin.
Concernant le vaccin contre la tuberculose BCG SSI de Sanofi Pasteur MSD, son approvisionnement devrait revenir à la normale à la fin du 2e trimestre. Le fabricant a rencontré des problèmes de production bientôt résolus. « Aujourd’hui, nous avons suffisamment de stock pour répondre à la demande de vaccins BCG pour les enfants à haut risque », précise Patrick Maison, directeur de la surveillance à l’ANSM. Le vaccin est donc disponible pendant la pénurie, dans les PMI et les centres antituberculeux. « Ce choix s’est fait au détriment des pharmacies de ville qui doivent donc renvoyer ces patients vers les centres adéquats. » Le vaccin BCG est recommandé dès la naissance chez les enfants nés dans un pays de forte endémie tuberculeuse ou dont l’un des parents est originaire de ces pays, mais aussi chez tous les enfants résidants en Ile-de-France, en Guyane ou à Mayotte, ainsi qu’à ceux vivant dans des situations précaires.
Coqueluche : fin de la pénurie en décembre.
Les vaccins contenant la valence coqueluche connaissent des tensions d’approvisionnement à la suite d’épidémies dans plusieurs pays qui ont entraîné une hausse de la demande mondiale. « Les fabricants se sont adaptés mais le cycle de production du vaccin étant de 18 mois, cela prend du temps. » Tout comme pour la tuberculose, la vaccination contre la coqueluche n’est pas obligatoire mais fortement recommandée. Le calendrier vaccinal est un peu compliqué. Idéalement, le nourrisson doit être vacciné à 2 mois, 4 mois et 11 mois avec le vaccin hexavalent Infanrix Hexa, qui, lui, ne connaît aucune difficulté d’approvisionnement. Infanrix Hexa est une association de six vaccins composés de fragments de germes (hæmophilus), d’anatoxines (diphtérie, tétanos), de virus tués (poliomyélite) et d’antigènes immunisants (coqueluche, hépatite B). Problème, les parents sont de plus en plus nombreux à refuser de vacciner leur enfant contre l’hépatite B et donc à refuser ce vaccin. Ils peuvent habituellement se tourner vers les pentavalents Infanrix Quinta ou Pentavac, mais ceux-là traversent des tensions d’approvisionnement et sont réservés à une utilisation particulière, notamment chez les enfants dont la mère est positive à l’hépatite B. Et il faudra encore attendre, car les stocks de pentavalents sont à 50 % de leur niveau habituel et un retour à la normale est attendu à la fin du mois de juin. Quant aux tétravalents, les deux vaccins habituellement recommandés pour le rappel à l’âge de 6 ans, Infanrix Tetra et Tetravac-acellulaire, sont également touchés par les problèmes d’approvisionnement : les stocks sont à 30 % et le retour à la normale n’interviendra qu’en fin d’année. Afin de répondre aux besoins des enfants à risque, les autorités sanitaires recommandent de faire le rappel à 6 ans avec Repevax ou Boostrix Tetra, des tétravalents contenant des doses atténuées de vaccin contre la diphtérie et la coqueluche. Ces enfants devront recevoir un tétravalent classique, donc Infanrix Tetra ou Tetravac-acellulaire, lors du rappel à faire entre 11 et 13 ans.
Si le schéma vaccinal semble compliqué, il n’en reste pas moins que des solutions sont en place pour la vaccination des enfants à risque.
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