Le Quotidien du pharmacien.- L’idée d’une labellisation de la pharmacie de première urgence, telle qu’elle est émise par les pharmaciens parisiens, n’est pas inédite puisque dans l’Aude, Marc Alandry, titulaire à Couiza*, a lancé lui aussi une initiative visant à reconnaître le rôle de premier recours du pharmacien. Peut-on parler de démarches similaires ?
Philippe Besset. Ce sont deux démarches parallèles qui portent toutes deux sur l’urgence, mais de manières différentes. Dans le cas de Paris, il s’agit pour le patient de trouver une entrée dans un système de soins, pléthorique en termes de moyens, mais anonyme. Le pharmacien d’officine est là pour lui en donner les clés. Il jouera un rôle de « coach » auprès du patient en l’orientant.
En Province, face à la pénurie de moyens, au contraire, le pharmacien jouera un rôle de supplétif. Toutefois, dans les deux cas, pour le patient la situation est la même : dans l’urgence, le pharmacien est toujours le premier recours.
La labellisation de la pharmacie de premier secours permettant aux patients de l’identifier, vous paraît-elle être une bonne solution, compte tenu du risque d’un réseau à deux vitesses qui peut résulter de cette démarche ?
Le projet de labellisation porté tant à Paris qu’à Couiza fait l'objet de discussions au sein de la FSPF dont le principe de base est l’uniformité du réseau, symbolisé par la croix verte. Dès lors que nous entérinerions une labellisation, le danger d’un réseau à deux vitesses se poserait. Le sujet mérite d’être débattu au sein des représentations démocratiques de notre syndicat.
Pour autant, je constate que certains confrères s’auto-décernent d’ores et déjà des labels portant, notamment, sur leur référencement ou leur politique de prix. Et c’est un fait que le public accueille favorablement cette distinction. Ne faudrait-il donc pas que chaque pharmacien puisse se retrouver dans le modèle économique de demain, quel que soit son choix en termes de différenciation ? Qu'il développe la personnalisation de l'accueil au travers d'une relation de confiance avec le patient, qu'il s'investisse dans les premiers recours et la permanence des soins, ou bien qu'il se concentre sur le référencement ou le management d'une équipe. Ces différentes facettes de notre métier doivent pouvoir être rentables.
Justement, comment convertir en modèle économique viable ces labellisations expérimentées ?
Ces expérimentations qui partent du terrain nous démontrent, par leur spontanéité, l’envie qu’ont les confrères de proposer des solutions. Au syndicat de fédérer ces énergies pour construire un modèle qui reprenne à la fois le côté métier et le volet économique. Car il est évident qu’un modèle pérenne et pertinent ne peut s’élaborer sur le long terme que s’il est viable économiquement. Au risque sinon que les énergies s’épuisent. Il existe un lieu permettant à ces modèles d’exister, c’est la convention pharmaceutique. Je rappelle que le pharmacien de premier recours figurait déjà au rang de nos propositions dans notre projet conventionnel initial. Cette idée avait été abandonnée, parmi d’autres comme la réforme de la rémunération du générique, lors de la rédaction du projet commun avec l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Il est aujourd’hui l’heure de ressortir cette proposition. Sans attendre les calendes grecques, c’est-à-dire les prochaines négociations quinquennales !
*Voir « le Quotidien » du 15 février 2018.
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