LA FÉDÉRATION des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) fait à nouveau parler les chiffres. Après une première estimation de l’impact de la nouvelle rémunération sur les comptes des pharmacies après un mois de mise en place (« le Quotidien » du 16 mars), le syndicat présente de nouvelles simulations individualisées à l’image de celles adressées l’an passé aux 14 000 panélistes du réseau Pharmastat (« le Quotidien » du 16 juin 2014). Réalisée par la société IMS Helth, l’étude visait à déterminer quelle aurait été la marge des pharmacies en 2014 si les nouveaux modes de rémunération, introduits en 2015, puis en 2016, avaient été appliqués dès l’an passé. Résultat, avec l’honoraire à la boîte de 0,80 euro HT, le gain supplémentaire en 2015 aurait atteint 695 euros pour une officine moyenne. Le delta est peu significatif. Mais si l’on ajoute les honoraires pour les ordonnances complexes, le montant gagné se serait alors élevé à 2 705 euros. Et la réforme est encore plus bénéfique avec l’honoraire à 1 euro HT. Car cette fois, la somme apportée par le nouveau mode de rémunération serait passée à 3 142 euros et même à 5 152 euros avec les honoraires pour les ordonnances complexes.
Pour Philippe Besset, vice-président de la FSPF, cela montre bien que le retard dans la mise en place des honoraires a fait perdre de l’argent aux pharmaciens. Et selon lui, l’instauration directe d’un honoraire à la boîte d’un euro aurait entièrement compensé les baisses de prix intervenues sur 2014. Toutefois, reconnaît-il, les nouvelles baisses de prix prévues pour 2015, et qui n’avaient pas été envisagées lors des négociations sur la nouvelle rémunération, ne pourront être amorties complètement. Aussi compte-t-il sur la réunion de l’observatoire de la réforme, fixée le 31 mars, pour apporter des corrections. « Le nouveau système de rémunération dans lequel nous nous sommes engagés avec l’assurance-maladie permet une renégociation permanente et un ajustement des paramètres », souligne Philippe Besset. Le vice-président de la FSPF l’assure, l’honoraire d’un euro apportera 120 millions d’euros de rémunération pour le réseau à partir de 2016, tout en sécurisant partiellement les pharmaciens contre les baisses de prix. « Quand les prix baissent, la marge diminue moins qu’avant », affirme le vice-président de la FSPF.
Des chiffres contestés.
Hostile à l’honoraire à la boîte, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) conteste vivement les simulations avancées par la FSPF. « Quand on veut préparer l’avenir d’une profession, on ne contemple pas les chiffres dans le rétroviseur », lance son président, Gilles Bonnefond. Selon lui, le plan d’économies sur le médicament était connu avant la signature conventionnelle de la réforme de la rémunération. « Les baisses de prix déjà publiées de février à avril 2015 sur les IEC-Sartans, les IPP, les anciens génériques et les TFR entraînent une perte de marge de 5 800 euros en moyenne par officine en 2015 et 6 700 euros en 2016, en année pleine », évalue-t-il. Et d’autres réductions tarifaires sont prévues pour atteindre 3,5 milliards d’euros en 3 ans. « Cette réforme doit être modifiée rapidement pour ne pas enfermer la profession pendant trois ans, sans aucune perspective et sans contrat avec l’État », estime Gilles Bonnefond.
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