LES ÉPIDÉMIES de grippe saisonnière frappent chaque année sous forme de vagues d’importance très variable et imprévisible (1 million à plus de 10 millions de cas en France). Mais l’infection grippale demeure présente à bas bruit quelle que soit la saison, rappelle le Dr Jean-Marie Cohen (président d’Open Rome, réseau d’observation des maladies et des épidémies), et serait responsable d’un excès de mortalité estimé de 7 000 à 9 000 par an. Or le taux de couverture vaccinale est très en deçà des recommandations.
On l’ignore parfois, mais le pneumocoque, dont les infections sont présentes toute l’année, est la bactérie la plus fréquemment en cause dans les coïnfections bactériennes de la grippe, souligne le Pr France Roblot (CHU de Poitiers). « Or, ajoute-t-elle, la surinfection bactérienne est une cause majeure d’hospitalisation et de décès d’un patient souffrant d’une infection virale grippale initiale. »
Des facteurs de risques identifiés.
En France, les infections à pneumocoque sont responsables annuellement d’environ 6 000 à 9 000 infections invasives, dont 500 à 600 méningites, avec une mortalité de l’ordre de 10 % et des séquelles, parfois très handicapantes, de 30 %. On peut y ajouter environ 130 000 pneumonies.
L’incidence des infections invasives à pneumocoque est particulièrement élevée aux deux extrêmes de la vie, le rôle du vieillissement étant néanmoins rarement univoque, un âge élevé étant généralement associé à l’existence d’un certain nombre de comorbidités. Les principaux facteurs de risque identifiés sont l’immunodépression, l’asthme sévère, la BPCO, le tabagisme, les pathologies cardiaques, rénales et hépatiques chroniques et le diabète.
La vaccination antipneumococcique a montré son efficacité, avec, notamment aux États-Unis, une baisse des infections invasives de 75 % chez les moins de 5 ans et de 65 % chez les plus de 65 ans entre les années 1998 et 2003. En France, où la couverture vaccinale contre le pneumocoque est insuffisante, le vaccin antipneumococcique conjugué à 13 valences (Prevenar 13) est recommandé pour les enfants avant 2 ans. Pour les plus de 2 ans (y compris les adultes) immunodéprimés ou non immunodéprimés mais atteints d’une maladie chronique à risque d’infections invasives à pneumocoque, il est conseillé d’associer à celui-ci une vaccination par le vaccin polyosidique à 23 valences (Pneumo 23).
Les patients immunodéprimés en ligne de mire.
Quelle que soit l’origine de l’immunodépression (transplantations, traitement immunosuppresseur, corticothérapie, biothérapies, chimiothérapie anticancéreuse…) ce type de patients est plus exposé que les autres à développer des formes graves. Ainsi, il ressort d’une enquête réalisée entre juin et septembre 2013 à l’initiative de l’AVNIR (Association VacciNation Immunodéprimées Réalités*), que seulement 41 % de ces sujets sont vaccinés contre la grippe et 21 % contre le pneumocoque. Et dans le groupe des transplantés, qu’on pourrait penser particulièrement motivés, ces taux n’atteignent même respectivement que 54 et 13 %.
« Cette enquête montre également un manque d’informations et de connaissances sur la vaccination, mais aussi qu’une majorité de sondés souhaite que ces informations leur soient apportées par leur médecin et par tous les acteurs de santé qui les prennent en charge, parmi lesquels bien sûr les pharmaciens », souligne Dominique Godard, membre du collectif AVNIR. Favoriser la double vaccination relève donc d’une responsabilité partagée de l’ensemble des professionnels de santé vis-à-vis de la prise en charge des personnes immunodéprimées.
Reste à résoudre le problème du suivi de la couverture vaccinale. « Or en France nous ne disposons pas actuellement d’une organisation efficace permettant l’utilisation d’un système d’enregistrement des vaccinations continu, simple, sécurisé et respectueux du secret médical », déplore enfin le Dr Jean-Marie Cohen.
D’après une conférence de presse organisée du Laboratoire Pfizer.
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