En septembre 2016, une officine a disparu chaque jour. Cette accélération des fermetures a suscité l’émoi de la profession, avant d’être rapidement démentie. L’Ordre national des pharmaciens est formel, à la fin 2016, le nombre de fermetures ne devrait pas excéder le nombre de 181 enregistré en 2015.
Au-delà des batailles de chiffres, l’attention portée aux effectifs démontre l’anxiété de la profession. Mais que dénotent réellement ces fermetures ? À s’y pencher de plus près, l’Ordre décèle avant tout une concentration du réseau. Il s’agit en effet en majorité de regroupements ou de rachats fermetures. Et non de fermetures sèches, opérées par des pharmaciens ayant mis la clé sous la porte.
Assurer la relève
Cette prise en main du réseau par les pharmaciens eux-mêmes est plutôt une bonne chose. « Les confrères contribuent activement à la restructuration du réseau », se félicite Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
Des pharmaciens proactifs, donc, mais aussi plus jeunes. Érosion démographique oblige, alors que 59 % des cessions étaient le fait de leurs aînés de plus de 60 ans, les nouvelles générations poussent la porte de l’officine. 48 % des officines en vente ont été reprises par des jeunes de moins de 37 ans. Un net rajeunissement par rapport à l’année précédente.
Autre raison d’espérer, cette génération montante ne rechigne pas à investir les zones rurales pourtant désertées par les jeunes médecins. Souvent présentée comme corollaire à la fermeture des officines, la désertification médicale est désormais prise à bras-le-corps par les pharmaciens eux-mêmes. Les exemples de titulaires remuant ciel et terre pour trouver un remplaçant au prescripteur déserteur se multiplient. Face à l’adversité, une nouvelle fois, la profession fait preuve de dynamisme et d’inventivité.
Des leviers de changement
Pour réconfortants qu’ils soient, ces signaux restent fragiles. Ils demandent à être confortés par un cadre législatif adapté aux évolutions officinales et sociétales.
Très attendu par la profession, le rapport de l’IGAS, « La régulation du réseau des pharmacies d’officine », est tombé en fin d’année. L’analyse des quatre inspecteurs généraux des finances et des affaires sociales est pour le moins lapidaire : dans un pays où 91 % des pharmacies se trouvent en zone de surdensité officinale, les fermetures d’officines laissent peu de traces dans le paysage. Quant aux difficultés économiques de l’officine, elles seraient anecdotiques, pour ne pas dire « surévaluées », au regard du faible nombre d’officines fermant pour cette cause. Et les auteurs de conclure que les difficultés du maillage officinal résideraient moins dans son étendue que dans sa consistance.
Les quatre auteurs soulignent ainsi la faible capacité des petites officines, confrontées à une forte concurrence, de développer de nouveaux services. Selon le rapport, ces pharmacies ne disposeraient pas de l’espace et des effectifs requis pour les mettre en place. Pour pallier ces lacunes du réseau, les inspecteurs généraux s’attachent alors à colliger vingt recommandations comme autant de leviers pour réviser la réglementation. La Direction générale de l’offre de soins (DGOS) s’est largement inspirée de ce rapport dans le projet d’ordonnance présenté à la profession le 1er décembre.
Évolutions sociétales
Cependant, les syndicats de la profession ont réservé un accueil pour le moins glacial à ce texte qui vise à assouplir les règles d’installation, de transfert et de regroupement des officines tout en les brouillant par le principe dérogatoire qu’il introduit.
Mais le principal point d’achoppement est le nouveau mode de décompte de population envisagé par la DGOS. Il propose de s’appuyer sur les habitudes de consommation des citoyens pour faciliter les transferts de pharmacies alors que les syndicats s’arc-boutent sur le principe de population résidente. Ces derniers craignent par ailleurs qu’au prétexte de faciliter l’installation des pharmacies là où les médecins exercent, la seule profession réglementée ne soit dérégulée pour répondre à l’offre médicale.
Aussi, les syndicats entendent peser de tout leur poids au cours des prochaines réunions de concertation. Une pression qui amènera la DGOS à remettre l’ouvrage sur le métier dans les mois à venir.
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