PRÈS DE QUATRE mois après son introduction, l’honoraire à la boîte a encore du mal à se faire une place dans le paysage officinal. Il reste contesté par une partie du monde syndical (voir ci-dessous). Il suscite également l’interrogation et l’incompréhension des patients. Voire leur indignation. « Personne ne comprend ou ne croit que c’est une « substitution » de marge et non un complément dans la poche du pharmacien… », déplore un titulaire sur le site lequotidiendupharmacien.fr. « J’ai eu aujourd’hui un patient étranger qui, après avoir découvert les honoraires sur sa facture, est venu me demander de les lui rembourser car il n’était pas soumis aux règles de la Sécurité sociale française, témoigne un autre, Thilo D. Il s’imaginait que c’était une espèce de « taxe à pigeons » perçue par la Sécu… » Dans le Pas-de-Calais, des responsables de l’hospitalisation à domicile (HAD) refusent de régler les honoraires aux pharmaciens prétendant qu’ils ne s’appliquent qu’aux soins de ville (« le Quotidien » du 30 mars).
En tout état de cause, l’honoraire reste un mystère pour les patients. Selon notre sondage en ligne, 63,63 % des titulaires affirment que leurs clients en ignorent l’existence. Seulement 22 % croient leurs patients informés. À la décharge des malades, aucune communication grand public n’a été effectuée. Le ministère de la Santé se contente de lui consacrer une page sur son site medicaments.gouv.fr. Certains groupements ont ajouté à la confusion en « offrant » dès janvier de rembourser l’honoraire via une carte client. Certes, le « ticket vitale » imprimé au dos des ordonnances stipule l’honoraire perçu par le pharmacien pour chaque boîte délivrée. De même, les relevés de l’assurance-maladie en font mention. Il reste que, dans cette période de transition entre l’introduction du 1er janvier et l’obligation au 1er juillet d’informer le patient sur le montant des honoraires, le flou persiste. Le site même du ministère de la Santé reste sibyllin, puisqu’il n’indique pour l’instant que les prix des médicaments « hors honoraire de dispensation ». Il faudra attendre le début du second semestre pour voir l’honoraire intégré au prix global, indique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
En attendant, l’effort pédagogique repose donc sur le seul pharmacien auquel il incombe d’expliquer qu’une baisse du prix des médicaments intervient en contrepartie de l’honoraire. « Cela entraîne des discussions au comptoir, alors que certains pharmaciens ne le perçoivent pas, et qu’il ne figure pas sur les sites Internet », constate Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Il y voit la confirmation de l’échec d’un dispositif qui était « censé être protecteur de l’acte intellectuel du pharmacien et qui, aujourd’hui, (nous) oblige à justifier (notre) profession ». A contrario, Philippe Gaertner se félicite de « la plus grande transformation intervenue depuis quarante ans dans la pharmacie d’officine ». Il n’en convient pas moins que ce changement de modèle majeur entraîne quelques contraintes d’informations liées à la phase intermédiaire. Et quelques ajustements à destination des associations de HAD, encore mal informées. « J’ai convenu d’une rencontre avec leurs représentants afin de leur expliquer que s’ils doivent s’acquitter de l’honoraire, ils bénéficient également de la baisse des prix », annonce Philippe Gaertner, serein. Il se déclare tout aussi confiant dans la faculté des pharmaciens à faire passer le message auprès de leurs patients. Et à retrouver leur confiance dès lors que le prix global sera clairement affiché.
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