L’idée d’une dispensation par le pharmacien dans le cadre d’un protocole, et pour certaines pathologies bénignes, fait son chemin. À tel point qu’un consensus apparaît. Ils sont ainsi plus de trois médecins sur dix à s’y déclarer favorables, ou favorables sous certaines conditions. Les pharmaciens sont de leur côté 65,3 % à approuver cette nouvelle pratique.
Parmi les défenseurs de la dispensation protocolisée, le renouvellement d'ordonnance met les deux camps d'accord mais c'est surtout la vaccination par le pharmacien qui fait l'unanimité : 8 médecins sur dix et neuf pharmaciens sur dix l’approuvent. Il en va de même pour l’intervention des officinaux dans les actions de santé publique (substituts nicotiniques, kits de dépistage de certaines pathologies…), largement plébiscitée par la profession (92 %) et, dans une moindre mesure (72,8 %), par les médecins favorables à la dispensation protocolisée.
En revanche, ces praticiens semblent plus frileux à l’idée d’autoriser le pharmacien à intervenir dans les soins non programmés (cystites, rhinites, eczéma, conjonctivite…), ce qui fait pourtant le cœur même de la dispensation protocolisée. Ils ne sont que 42,4 % à pouvoir l’envisager. Alors qu’une majorité écrasante de pharmaciens (84,8 %) peuvent se projeter dans le suivi de certaines pathologies chroniques dans le cadre de la dispensation protocolisée, cette éventualité leur est refusée par près de la moitié des médecins.
Toujours parmi ces médecins favorables à la dispensation protocolisée, une proportion quasi équivalente (48,2 %) réfute l’idée de voir le pharmacien s’emparer de la question de la contraception. Un domaine dans lequel un tiers des pharmaciens ne souhaite pas effectivement intervenir (2). Reste à déterminer s’il s’agirait dans ce cas d’une primoprescription ou d’un renouvellement.
Des pharmaciens soucieux de l'égalité d'accès
Les avis divergent encore davantage entre médecins et pharmaciens sur les facteurs favorisant la dispensation protocolisée. Alors que 80 % des pharmaciens invoquent l’égalité d’accès aux soins et une évolution des métiers et des compétences, la majorité des médecins rejettent ces deux arguments. De même, d'après 4 médecins sur dix, cette demande n’émane pas de la population et près de cinq praticiens sur dix ne pensent pas qu’elle optimisera le temps médical. Des assertions diamétralement opposées à celles des pharmaciens dont plus de 70 % estiment que la dispensation protocolisée soulagera l’agenda des médecins et répondra aux besoins des patients. À croire que médecins et pharmaciens n’exercent pas dans les mêmes territoires !
(1) Réalisé entre le 5 avril et le 3 mai 2019 auprès de 1 066 pharmaciens d'officine et 1 066 médecins généralistes.
(2) Rappelons que les pharmaciens peuvent d'ores et déjà renouveler la contraception jusqu'à six mois sur présentation d'une ordonnance datant de moins d'un an.
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