On ne peut guérir un territoire en déshérence qu’en prenant soin de ses professionnels de santé. C’est avec cette conviction que l’association SPS (Soins aux professionnels de santé) lance sa mission « Le Care des territoires oubliés » (Le soin des territoires oubliés), après avoir constaté la souffrance au travail des soignants exerçant dans les déserts médicaux.
En décembre dernier, une étude menée pour SPS auprès de plus de 700 professionnels de santé établissait que, dans les zones rurales, quatre professionnels de santé sur dix avaient déjà eu des pensées suicidaires en lien avec leur travail (1), contre 25 % de leurs confrères en zone urbaine. L'association a alors décidé de s'allier au Catel, référent national et centre d’expertise en e-santé, dans un nouveau modèle de coopération et de coordination intégrant un partage du temps de travail et un soutien dans la prise en charge des patients porteurs de pathologies chroniques ou handicapés.
Cette solution permettra de limiter les déplacements afin de dégager du temps médical pour la prise en charge des patients aigus. L’objectif est ambitieux puisqu’il s’agit de créer une 14e région française, virtuelle certes, mais non moins représentative, puisqu'elle regroupera cinquante territoires ruraux oubliés. Les pouvoirs publics sont appelés à financer une partie du projet à raison d'un droit d'entrée de 5 000 euros et de 420 euros par patient (2) inscrit.
Mobilité médicale
Ce fonds financier sera attribué au fonctionnement d’une plateforme nationale, où des médecins coordinateurs statueront 7jours/7, 24 heures/24, sur les cas qui leur seront répercutés via les patients eux-mêmes, mais aussi par les autres acteurs du terrain ou encore par des professionnels de santé. Les malades souffrant de pathologies aiguës pourront bénéficier de consultations virtuelles par télémédecine. Les patients chroniques, quant à eux, bénéficieront de dispositifs hyperconnectés grâce auxquels les constantes pourront être recueillies et analysées par le médecin coordinateur. Au besoin, celui-ci déclenchera l’alerte auprès de la première personne-ressource soignante du patient, médecin traitant, infirmière en pratique avancée ou pharmacien. Le professionnel de santé effectuera une visite à domicile, évaluera la situation et décidera d’une action. Une fois le traitement envisagé, l’ordonnance dématérialisée sera envoyée au pharmacien qui délivrera les médicaments à domicile.
Parallèlement à cette plateforme, des unités mobiles de médecins (étudiants en médecine, internes, jeunes retraités) partiront en campagne pendant trois à douze jours dans ces territoires pour des missions de prévention ou de soins.
« En janvier 2019, nous pourrons être fiers d’avoir résolu le problème de ces trop fameux déserts médicaux. Alors sur ces territoires, qui, de déserts, seront devenus des terrains d'innovation en santé, il fera enfin bon vivre et travailler, même en santé », promet le Dr Eric Henry, président de SPS.
(1) Enquête menée auprès de plus de 700 professionnels de santé entre le 15 octobre et le 20 novembre 2017.
(2) Soit 12 visites à domicile par an pour chaque patient lourd ou chronique n’ayant plus de médecin traitant.
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