La polémique des masques, qui n'a cessé de scander la crise sanitaire, avait tout d'abord commencé par un premier scandale. Lors de la distribution des masques de ses stocks, l’État avait prévu des dotations pour les médecins, les infirmiers et les chirurgiens-dentistes. Aucune trace en revanche de masques réservés aux pharmaciens. À croire que ceux-ci, pourtant en première ligne de l’épidémie comme les autres libéraux de santé, n’avaient pas été comptabilisés parmi les professionnels de santé. Et ce alors même que le gouvernement s’appuyait sur le réseau officinal pour la distribution de ces masques.
Cet « oubli » n’a pas manqué de susciter l’indignation des pharmaciens. Ils se sont immédiatement émus du peu de considération des pouvoirs publics à leur égard. Et il a fallu que les syndicats de la profession interviennent auprès de la direction générale de la santé (DGS) pour que celle-ci corrige la liste des bénéficiaires et que les pharmaciens reçoivent eux aussi leur contingent de masques. Mais une partie des équipes officinales restait – théoriquement — toujours sans protection. Les préparateurs n’étaient en effet pas prévus parmi les bénéficiaires des dotations d’État. Ce n’est que plusieurs semaines après, que la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) qui avait alerté les pouvoirs publics sur cette aberration, a obtenu gain de cause, à quelques jours de la sortie du confinement.
Nouveaux réflexes
Heureusement, les titulaires, dans les deux situations, n’ont pas attendu le bon vouloir de l’État pour protéger leurs équipes. Face à l’urgence de la situation, le système D a prévalu dans les premières semaines. Les masques étant une denrée rare, les premières solutions de parois en plexiglas sont rapidement apparues. Des producteurs locaux ont rapidement revisité le concept de l’hygiaphone pour l’adapter à l’officine. Ainsi, grâce à cette solidarité de proximité, les pharmaciens ont pu s’équiper en l’espace d’un week-end, souvent à prix coûtant, et protéger leurs collaborateurs de la contamination par aérosol.
Restait cependant le risque de contamination par contact. Dans ce domaine également, le système D s’est imposé. Le film étirable est devenu un produit de consommation courante dans les officines qui en recouvrent les terminaux de paiement où le « sans contact » est débridé jusqu’à 50 euros. Quant à la carte vitale, sa manipulation a été abandonnée au profit du mode dégradé. De nouveaux réflexes se sont ainsi instaurés pour faire barrage au virus qui s’immisçait sur les moindres surfaces.
Toujours pour préserver les forces vives de l’officine, la dématérialisation des prescriptions des ordonnances s’est accélérée signant l’instauration du pharmacien correspondant avant l’heure. Tandis que de nouveaux objets faisaient leur apparition : visières de protection individuelle, gants et surblouses, distributeurs de SHA et même appareils de décontamination de l’air, censés « détruire les pathogènes environnementaux ». Dans la mise en place de ces nombreux dispositifs et l’acquisition de ces outils de protection, les titulaires ont pu compter sur le soutien de leur groupement. Astuces, informations de prévention et matériels ont été dispensés par les groupements et enseignes qui ont joué la carte de la mutualisation des moyens et bien entendu, celle de la valeur ajoutée.
Certes, l’ensemble de cet arsenal « anti-Covid » a eu un coût. Consciente du poids de ces mesures sur le bilan des entreprises de moins de 50 salariés, l’assurance-maladie a d’ailleurs créé une subvention « prévention Covid » prenant en charge jusqu’à 50 % des frais, à concurrence de 5 000 euros. Mais cet investissement, que se devait d’engager tout titulaire en tant que chef d’entreprise, a porté ses fruits. Il a permis de préserver le capital humain de l’officine. Selon une enquête réalisée par Pharmed'insight*, dans la plupart des officines, les collaborateurs ont poursuivi leur travail tout au long de la crise. Les rares défections signalées ont été le fait de salariés qui avaient dû cesser leur activité pour garder leurs enfants.
* Rapport d'étude qualitative menée auprès d'un panel de 130 titulaires d'officines du 20 mars au 3 avril 2020.
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