Depuis mars 2017, il est possible pour un pharmacien adjoint d’entrer au capital de l’officine en prenant, directement ou indirectement (via une société de participations financières de profession libérale ou SPFPL qu’il contrôle) des parts de sociétés d'exercice libéral (SEL). Montant maximal : 10 % du capital.
Sept ans plus tard, très peu d’adjoints ont franchi le pas : 300 sur près de 29 000 inscrits à l’Ordre, indiquait Cécile Guérard Detuncq, pharmacienne adjointe et conseillère ordinale de la section D, lors d’une table ronde menée le 9 juin au Congrès national des pharmaciens de Deauville.
Entrer au capital, pour quoi faire ?
« En tant qu’adjoint, on a envie de s’investir, d’aider à développer de nouvelles missions. On peut aussi progressivement se préparer à devenir cotitulaire ou titulaire, ou prévoir le départ en retraite d’un titulaire. Ce sont des étapes, en fait », argumente Cécile Guérard Detuncq.
« Ce dispositif permet en effet à l’adjoint d’acquérir des participations tout en conservant son statut de salarié et ses avantages protecteurs (protection sociale, etc…) sans avoir à subir les contraintes du libéral et de se concentrer sur le cœur de métier », résume Philippe Denry, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Pour le titulaire, cela permet de fidéliser son personnel, voire être un argument d’embauche, et d’anticiper la transmission de l’officine. « C’est aussi permettre au titulaire d’avoir du cash, tout en gardant les manettes de manière importante dans la gestion de l’officine », ajoute Philippe Denry.
C’est enfin « une part d’un rempart à ces grands financiers. L’officine reste aux pharmaciens », complète Cécile Guérard Detuncq.
L’entrée des adjoints au capital permet aussi de rassurer ceux qui craignent de s’installer. Notamment les étudiants qui « ont peur de se lancer. Ils n’ont pas les clefs », résume Lysa Da Silva, présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), déplorant un manque criant d’informations au cours des études.
« C’est du donnant-donnant ou du gagnant-gagnant », résume Cécile Guérard Detuncq. À condition de bien encadrer la relation. « Le pacte d’associés est essentiel et doit être exhaustif. Il doit surtout prévoir la sortie : comment, à quel prix, à quel moment et sous quelles conditions. Il doit prévoir l’impensable », résume Fabrice Foltz, pharmacien, directeur du développement chez Pharm’Access, société de transaction d’officines.
10 % : trop peu ?
Pour l’adjointe, « 10 % ne me semblent pas suffisants compte tenu de l’investissement. Et je ne veux pas être associée non plus car j’ai d’autres activités que je veux maintenir. »
Autre frein, le financement des 10 %. « Sur une pharmacie à 2 millions d’euros, c’est 200 000 euros qu’il faut trouver. Soit l’adjoint a de l’apport et il peut faire autre chose, soit il n’a pas assez d’apport et les banques ne vont pas financer car ces 10 % ne vont pas lui donner assez de dividendes pour rembourser le prêt et vivre correctement », analyse Philippe Denry.
La profession réfléchit aujourd’hui à augmenter le nombre de parts tout en concevant ce statut de salarié. « Le chiffre 20-25 % revient souvent, pour laisser un poids assez important à celui qui prend les risques du titulariat et que ce soit à la fois finançable par les banques et supportable par l’adjoint qui rentre tout doucement », conclut Philippe Denry.
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