LA RÉFORME de la rémunération n’est pas entrée en vigueur sans heurt, martèle Gilles Bonnefond. Certes, « il n’y a pas eu de grand bug », reconnaît le président de l’USPO, « mais des organismes ne sont pas prêts ». Selon lui, certaines mutuelles ne payent pas l’honoraire à la boîte de 82 centimes d’euros, des dispensations particulières, telle la pilule du lendemain, ne sont pas prises en charge et l’impression de la facture ne tient plus sur une page. Cerise sur le gâteau, des anomalies sont survenues entre le fichier prix du CEPS et celui de la caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). Résultat, « le nombre de rejets a explosé », affirme Gilles Bonnefond, qui a demandé que tous les dossiers indus aux pharmaciens soient identifiés et payés. « Ce type d’incidents ne devrait plus avoir lieu, la CNAM ayant réalisé un rapprochement avec le fichier du CEPS », reconnaît toutefois le président de l’USPO. Mais, en attendant que tout rentre dans l’ordre, « le pharmacien a perdu de l’argent ». Cependant, pour Gilles Bonnefond, ce n’est rien à côté de ce qu’il perd avec le mécanisme de l’honoraire à la boîte. Courbes à l’appui (voir ci-contre), le président de l’USPO affirme que, depuis le 1er janvier et l’instauration de l’honoraire de 82 centimes d’euro, les officinaux enregistrent une perte de marge pour tous les médicaments dont le prix fabricant hors taxe (PFHT) est supérieur ou égal à 10 euros. Le passage au 1 euro sera encore pire à ses yeux. Car cette fois, la perte de marge interviendra à partir de 1,81 euro (PFHT). Sans parler du risque de voir tout s’écrouler si les pouvoirs publics décidaient de dérembourser le paracétamol en boite de 8 comprimés et de lancer un grand modèle remboursable pour les malades chroniques. « L’agence du médicament étudie la possibilité de lister les grands modèles de paracétamol », assure en effet Gilles Bonnefond.
Autre revers de la réforme : la question de la légitimité de faire payer l’honoraire en cas de vente sans ordonnance. « L’honoraire est négociable, déplore Gilles Bonnefond. On l’a lié à une marchandise et, par conséquent, transformé le pharmacien en boutiquier. » « Il faut sortir de cette deuxième étape du 1 euro au 1er janvier 2016, insiste le président de l’USPO. On a toute l’année 2015 pour le faire. » Et pour lui, seulement les pharmaciens pourront enclencher de nouvelles discussions avec l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM). Aussi les exhorte-t-il à nouveau d’écrire à son directeur général, Nicolas Revel, afin de lui demander de relancer immédiatement une négociation et de revenir sur cette réforme du mode de rémunération. Près de 3 000 confrères auraient déjà pris leur plume. Désormais, ils peuvent également adresser leurs demandes par mail : cabinetdg@cnamts.fr.
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