C’est une France de la pharmacie très hétérogène qui apparaît sur les écrans de l’INSEE. Une France où l’héliotropisme joue en défaveur des titulaires. En effet, dans une dizaine de départements, tous situés dans la moitié nord du pays, les titulaires touchent en moyenne 20 % de plus que leurs confrères de la partie sud.
Les statisticiens de l’INSEE, qui fondent leur analyse sur les revenus déclarés par les titulaires en 2014, mettent en corrélation ces écarts de revenus avec la densité du maillage officinal. En effet, dans certains départements où la densité de pharmaciens titulaires est supérieure de 20 % à la moyenne nationale, le revenu moyen de ces titulaires s'avère inférieur d’au moins 10 %. C’est le cas, pour des raisons diverses, dans les Alpes-Maritimes, mais aussi les Hautes-Pyrénées, le Gers, l’Aude et la Corrèze. Seule exception à la règle, l’Indre qui compte parmi les départements à la plus forte densité de titulaires pour 100 000 habitants mais aussi parmi ceux aux plus hauts revenus.
Une concurrence très chère
Au-delà de cette dichotomie Nord/Sud, l’étude révèle d’autres polarisations dans la rémunération des titulaires, en lien avec la localisation de l’officine. Ainsi, le revenu des titulaires exerçant en « villes centres » est inférieur de 10 % à celui de leurs confrères installés en banlieue, et même de 24 % à celui de ceux des zones rurales.
Ces écarts se retrouvent également au sein des zones urbaines : dans les très grandes agglomérations (plus de 200 000 habitants), un titulaire touche en moyenne 6 % de moins que son confrère d’une zone urbaine de 20 000 à 200 000 habitants (-9 % même pour Paris).
Le coût des loyers est l'une des raisons du phénomène. Mais pas seulement. Les statisticiens reviennent sur le facteur de la densité. Le titulaire d’une officine éloignée de plus d’un kilomètre du confrère le plus proche aura un revenu supérieur de 6 % à celui d'un pharmacien qui compte quatre à neuf croix vertes à proximité. Quand le nombre de voisins immédiats atteint dix, voire davantage, le revenu moyen peut même s’infléchir de 15 % ! La typologie de la clientèle (enfants et personnes âgées) peut quant à elle faire varier de 2, voire de 4 points, le revenu, note l'INSEE.
Revenus en baisse pour la moitié des titulaires
Apparemment dispersés, les revenus des pharmaciens titulaires convergent cependant une fois passé le crible du régime fiscal. En effet, les chiffres bruts font état d’importants écarts : 121 400 euros en moyenne par an pour un titulaire installé en entreprise individuelle, 116 800 euros dans une société soumise à l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), et 59 400 euros pour celui qui a opté pour une société soumise à l’impôt sur les sociétés (IS). Mais une fois les différences de règles comptables liées au régime d’imposition neutralisées, « les écarts deviennent relativement faibles », relève l’étude de l’INSEE.
Toutefois, des fossés se creusent au sein d’un même régime fiscal. Ainsi, bien que moins nombreux aujourd’hui qu’en 2009 où ils constituaient la moitié des titulaires, les 29 % de pharmaciens « entrepreneurs individuels » subissent une importante dispersion de leur revenu. Un quart de ces titulaires perçoit un revenu inférieur à 64 310 euros, tandis qu’un autre quart touche un revenu supérieur à 160 940 euros. Dans une moindre mesure, les titulaires soumis à l’impôt sur les sociétés, parce qu’exerçant en SEL ou en SARL (soit 46 % des pharmaciens en 2014 contre 25 % en 2009), connaissent eux aussi d’importants écarts de revenus. Un cinquième d’entre eux touche moins de 36 870 euros tandis qu’un autre cinquième gagne au moins deux fois plus.
Fonds en chute
Les statisticiens avancent plusieurs explications à ces disparités. L’âge, le titulaire étant au meilleur de sa forme entre 40 et 49 ans, mais aussi le sexe. Les femmes gagnent en moyenne 10 % de moins que les hommes. La présence de co-titulaires, plus fréquente chez les femmes, est également un facteur minorant la rémunération de 18 % quand les titulaires exercent à deux, de 16 % quand ils exercent à trois ou plus.
L’hétérogénéité des revenus n’est pas le seul élément de fragilisation du maillage officinal. La baisse de ces mêmes revenus en est un autre. Ainsi, comme le relève l'INSEE, après quelques années de rattrapage à la suite d'un exercice 2009 marqué par la crise, une baisse de leur revenu en euros constants a affecté la moitié des titulaires, entre 2013 et 2014. Un quart d’entre eux ont même subi une baisse de 11 % de leur rémunération tandis qu’un autre quart bénéficiait d’une augmentation.
Cette régression a touché plus particulièrement les titulaires exerçant en solo. Pour cette catégorie, la valeur ajoutée dégagée a même baissé de 41 % entre 2009 et 2014 (36 %, toutes catégories confondues). Cette évolution n’est d'ailleurs pas sans impact sur la valeur comptable du fonds de commerce. Et par conséquent sur la valeur du patrimoine professionnel des titulaires. Comme le souligne l'INSEE, à niveau de valeur ajoutée et à localisation comparables, les nouvelles officines auraient perdu 10 % de leur valeur entre 2009 et 2014. Avec une baisse encore plus marquée en région parisienne.
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