À compter de ce 17 juillet, les conditions d'exercice des gardes s'appliquent à nouveau dans le droit commun. Le dispositif dérogatoire, mis en place le 30 juin dans le contexte des violences urbaines, prend fin.
Lors d'une réunion au ministère de la Santé à la fin de la semaine dernière, les syndicats de la profession et le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) se sont accordés avec les autorités sanitaires pour mettre un terme au dispositif dérogatoire portant sur les gardes depuis le 30 juin. La mesure prise à cette date visait à permettre aux pharmaciens qui se sentaient menacés dans le contexte des violences urbaines de faire usage de leur droit de retrait en informant leur ARS de cette intention. Le dispositif a été prolongé jusqu'au week-end du 14 juillet alors même qu'une reprise des exactions était redoutée par les pouvoirs publics.
À partir d'aujourd'hui, les pharmaciens renouent avec des conditions habituelles pour l'exercice de leur garde. Un retour à la normale nécessaire, selon Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). « Cette mesure avait été rendue indispensable dans une période où certains pharmaciens pouvaient se retrouver sans protection. Désormais, il est important que les gardes soient à nouveau assurées face aux risques encourus par la population dans ces épisodes de canicule, tout particulièrement dans les zones touristiques. » Le président de l'USPO ne renonce pas pour autant à une refonte profonde du système des gardes. «En effet, les derniers chiffres de l'observatoire de l'économie officinale présentés début juillet démontrent que le recours aux gardes a explosé en un an. Nous avons besoin d'une redéfinition de la garde, ainsi que de l'astreinte en nuit profonde. Au delà de ces définitions, il faudra également en revoir les modalités », insiste Pierre-Olivier Variot.
«Ces discussions sur le dispositif des gardes devront avoir lieu, rappelle le président de l'USPO, avant les négociations conventionnelles de l'automne avec l'assurance-maladie, qui porteront uniquement sur leur rémunération.» Quant à la définition de la garde, l'une des pistes de réflexion pourrait être de la restreindre aux seuls produits du monopole. Une première solution pour endiguer les abus vécus sur le terrain par les pharmaciens et sources de tensions majeures.
Pour illustrer le besoin de redéfinir le concept de garde auprès de la population, une titulaire aveyronnaise a diffusé ce week-end sur sa page Facebook un message très remarqué. « (...) de garde pour les urgences et uniquement pour les urgences. Le renouvellement de vos ordonnances, la solution de rinçage de vos lentilles, le lait en poudre pour votre bébé que (oups) vous avez oublié d'acheter entre 8h et 20h (ce sont les amplitudes horaires assurées sur le secteur) ne sont pas des urgences ! Les pharmaciens qui assurent les gardes la nuit enchaînent souvent 48 heures de présence dans leur officine. Tous n'ont pas assez de personnel pour pouvoir aller se reposer un lendemain de garde ! Le commissariat de Rodez, en manque de personnel tout comme nous, a décidé de ne plus filtrer les appels vers nos officines alors s'il vous plaît (..), merci de vous demander si oui ou non c'est vraiment urgent avant d'appeler la nuit une pharmacie ! », interpelle Audrey Savary, titulaire de la pharmacie de Druelle, à Druelle-Balsac (Aveyron).
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