Nouvelle étape dans la mobilisation générale lancée par l’ensemble de la profession, la grève des gardes, bien que n’ayant pas été relayée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), est très suivie pendant ce week-end de la Pentecôte. Y compris par des titulaires non syndiqués. Leur réquisition par les pouvoirs publics n’a entamé en rien la détermination de ces titulaires grévistes, bien décidés à descendre aussi dans la rue le 30 mai, accompagnés de leurs équipes.
La résolution dont font preuve les pharmaciens de garde ce week-end de Pentecôte pour maintenir leur mouvement en dépit de leur réquisition par les ARS augure de la suite de la mobilisation de la profession. Dans les Hauts-de-France, sur 297 pharmaciens de garde, 150 titulaires ont dû être réquisitionnés par les pouvoirs publics. « Plus de la moitié des pharmaciens de garde étaient grévistes. Cela donne le ton pour le 30 mai », prédit Grégory Tempremant, président de l’URPS pharmaciens de la région.
Un galop d’essai donc de ce que sera à l’échelle du réseau la journée du 30 mai, prévoyant fermeture des officines et manifestations dans les métropoles ? Non, mieux encore, comme l’expose, Patrick Raimond, président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine (USPO) des Bouches-du-Rhône. « Car les gardes, vous devez les préparer, vous vous organisez plusieurs mois à l’avance. Baisser un rideau une journée est plus facile en comparaison », argumente-t-il pour démontrer à quel point cette grève des gardes est un indicateur de l’exaspération des pharmaciens. D’ailleurs à Marseille comme à Aix, même les titulaires non syndiqués se sont associés au mouvement lancé au niveau national.
Car, sur place, l’intersyndicale composée de l’USPO et du syndicat des pharmaciens (FSPF) n’avait lancé aucun mot d’ordre, la FSPF ayant décidé de ne pas inciter ses adhérents à faire la grève des gardes ce week-end. Qu’à cela ne tienne, comme le constate Cyril Colombani, président de l’USPO des Alpes-Maritimes, la moitié des pharmaciens de garde ont suivi spontanément le mouvement, une centaine d’entre eux a été réquisitionnée dans la foulée. « L’unité est à la hauteur des dangers qu’encourt la profession », lâche-t-il. Et de poursuivre « après tout ce que les pharmaciens ont réalisé pendant la pandémie, les propositions de l’assurance-maladie ne sont que l’expression d’un mépris teinté de cynisme ». « 10 euros pour un TROD qui demande au moins un quart d’heure de travail, cela ne permet même pas de dégager de la marge. L’assurance-maladie nous prépare des missions qu’aucun chef d’entreprise ne pourrait envisager », s’indigne-t-il. Il va jusqu’à suspecter l’assurance-maladie de vouloir créer des déserts pharmaceutiques en étouffant financièrement les officines.
Ou tout au moins en les décourageant. C’est le cas de Fanny Blondelle, installée depuis neuf ans à Bertincourt (Pas-de-Calais). « Mon dernier bilan est catastrophique. Et pourtant nous travaillons de la même façon. Notre marge a baissé de trois points, et cela va sans doute s’aggraver avec les pénuries de médicaments », se désespère la titulaire qui se surprend parfois à envier la situation des salariés. De garde demain lundi, elle fera grève. Et bien qu’elle n’ait pas encore reçu son ordre de réquisition, elle assurera sa grève, munie d’un brassard et blouse bardée du mot d’ordre. Elle a ses patients derrière elle, 80 % d’entre eux ont signé la pétition et manifesté leur inquiétude sur la pérennité de leur officine. Regonflée à bloc, Fanny Blondelle ira manifester le 30 mai. À Lille ou à Amiens, elle ne sait pas encore. Mais une chose est sûre, elle n’ira pas seule, ses quatre salariées l’accompagneront. « Dès que je leur ai dit que je ferai grève le 30 mai et que j’irai manifester, mon équipe m’a dit, on vient avec toi. Elles aussi ont peur pour leur emploi ! »
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