« Sandrine m’a appelée trois jours après son diagnostic, en juillet 2023. Elle avait besoin de faire des photos d’elle. Elle voulait mettre en images avant, pendant, après, tout ce qui serait partie prenante de sa thérapie ». Virginie Bontemps, photographe à Fécamp, et « thérapeute par l’image ». Sandrine Dujardin-Damas, 48 ans, est ancienne championne de France de lancer de poids. « Ces deux femmes étaient déjà patientes de la Pharmacie de la Marine, rapporte Nicolas Doré, le pharmacien. Elles parlaient d’une exposition de photos. J’ai vu quelques images et la décision a été prise de suite » Depuis le début du mois Octobre Rose, son officine du quai de Berigny expose des photos de Sandrine, prises par Virginie.
« Quand Sandrine m’a appelée, elle ne savait pas qu’elle serait opérée. J’ai pris deux ou trois jours pour répondre, se souvient Virginie Bontemps. Puis j’ai dit oui, on y va. Je travaille avec humour et dérision, j’aime voir les gens rire. On a fait ça avec le cœur. Les séances de photos forment une échappatoire : elle est torse nu, c’est une petite bulle de joie. Elle me dit : « Virginie, tu es farce ». « Sandrine, au départ, voulait des photos pour elle, et je l’ai montrée encore plus belle du fait de ses stigmates. Avec une ablation, la féminité en prend un coup, mais la plus belle photo que j’ai prise la montre sans cheveux, avec un sein en moins. Cette photo a été sélectionnée pour un concours national, dont le résultat sera proclamé le 9 novembre, au Grand Palais, à Paris », poursuit la photographe. « Un lien s’est formé, extraordinaire. Elle est hyper sensible, et je parviens à capter cette sensibilité sur mes photos. ».
Fierté et reconnaissance
Début octobre, lors du vernissage, les images tendres et complices de Sandrine ont remplacé celles, habituelles, du port de Fécamp aux cimaises de la pharmacie de la Marine. « Il y avait beaucoup d’émotion, relève Nicolas Doré. Et pour ceux qui ont une famille touchée, c’est encore plus compliqué. Mais tout le monde a trouvé Sandrine forte d’avoir choisi de se faire photographier. »
« Quand Sandrine m’avait parlé de photos, j’ai pensé à des « clichés », des radios, je suivais son post-op, rappelle le titulaire. Au sein de l’équipe, on est habitué à prendre en charge des femmes opérées. Ce jour-là, tous ceux qui étaient autour de nous sont venus voir. Certains collaborateurs ont eu peur de choquer. Mais la première photo que j’ai vue m’a ému : Sandrine, poitrine nue, avec sa peau colorée et un hortensia rose. » Après avoir surmonté une certaine appréhension – bien compréhensible- l’équipe et les patients de l’officine ont accueilli l’exposition avec fierté et reconnaissance. « J’ai vu beaucoup de mouchoirs le jour du vernissage, dit le titulaire, et aujourd’hui, j’entends souvent des exclamations d’admiration dans l’officine. »
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