Chamboulive, village corrézien de 1 200 habitants pourrait bientôt perdre son unique officine, faute de repreneur. Pour sauver la pharmacie et attirer l’attention, la maire de la commune a lancé une pétition sur le site « change.org ».
Les habitants de Chamboulive seront-ils obligés de faire plusieurs kilomètres pour aller chercher leurs médicaments ? Cette crainte pourrait prochainement devenir réalité. La titulaire de l’officine, âgée de 64 ans, souhaite légitimement partir à la retraite et n’a pas trouvé de repreneur. Comme le raconte un article du journal local « La Montagne », un projet de regroupement avec la pharmacie d’un village situé à une petite dizaine de kilomètres est en cours. Le dossier a même été déposé au mois de mai à l’agence régionale de santé (ARS) et une réponse est attendue en septembre.
Maire (PS) de Chamboulive depuis 2020, Betty Dessine ne peut accepter l’idée de voir son village sans pharmacie. L’édile a décidé de lancer une pétition en ligne pour mobiliser l’opinion autour d’un objectif : empêcher la disparition de l’officine. « Il n'est pas acceptable, ni entendable de priver la commune de ce service au moment même où nous devons au contraire, toutes parties prenantes, tout faire pour lutter contre les déserts médicaux et maintenir l'offre de soins en milieu rural », insiste l’élue, qui espère que le projet de regroupement envisagé n’aboutira pas. « Seuls une décision négative de l’ARS concernant ce transfert ou un changement de décision de notre pharmacienne permettraient de stopper ce projet. Nous ferons tout ce qui est possible pour nous opposer à ce départ mais votre voix est essentielle dans cette lutte pour préserver nos services de santé locaux. Ensemble, nous devons envoyer un message clair aux porteurs de ce projet que notre communauté est unie et déterminée à protéger ses intérêts vitaux. Élus, citoyens, professionnels de santé : Mobilisons-nous ! », appelle la maire de Chamboulive. En un peu moins d’une semaine, la pétition en ligne a déjà recueilli près de 500 signatures.
De son côté la titulaire de la pharmacie, Patricia Bordillon, à qui la maire reproche d’avoir accepté ce projet de regroupement, regrette elle aussi d’en être arrivée là. « Il y a près d’un an, j’ai mis la pharmacie en vente mais aucun candidat ne s’est manifesté », explique l’officinale au « Quotidien du pharmacien ». Suite à un transfert, la pharmacienne s’est installée à Chamboulive il y a 6 ans, dans des locaux complètement neufs. « La superficie de l’officine est de 170 mètres carrés, avec un bel espace de vente, un espace de confidentialité, un coin orthopédie, des toilettes pour les personnes à mobilité réduite, une salle pour les gardes… Lorsque je me suis installée, j’ai tout fait pour que la pharmacie soit attractive, justement pour pouvoir trouver un jour un repreneur. » Patricia Bordillon avait même racheté un terrain derrière l’établissement, se disant prête à le laisser à la disposition de la commune. « On ne peut pas m’accuser d’avoir volontairement voulu fermer ma pharmacie », insiste-t-elle.
Même avec tous ces efforts, le chiffre d’affaires n’est que d’environ 900 000 euros par an, insuffisant pour convaincre un repreneur. De plus, le village de Chamboulive présente une autre lacune et non des moindres. « Il n’y a qu’un seul médecin généraliste et lui aussi partira sans doute à la retraite d’ici quelques années », explique la titulaire. Malgré l’opération de communication lancée par la maire du village, Patricia Bordillon ne voit pas comment ni pourquoi un repreneur apparaîtrait aujourd’hui. « Cette situation me rend triste pour mes clients-patients mais j’ai bientôt 64 ans. Je n’ai pas d’adjoint pour m’épauler, j’assure une semaine de garde par mois et je vais avoir de plus en plus de mal à trouver des remplaçants en cours d’année. J’estime avoir le droit de profiter de ma retraite. Je pourrais continuer jusqu’à trouver quelqu’un mais cela durerait pendant combien d’années ? », interroge-t-elle.
Si le dossier de regroupement est accepté par l’ARS, la pharmacie de Chamboulive devrait baisser définitivement le rideau en juin 2025.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais