Vingt nouvelles officines viennent de rejoindre les 5 premières expérimentatrices. Les critères de choix ? « Le volontariat de l'officine, l'intérêt par rapport au maillage du territoire, la proximité avec la population cible, la proximité avec la PUI, la capacité à vacciner 20 personnes par jour et l’existence d’un système de prise de rendez-vous éprouvé », énumère Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Cet élargissement restreint répond à la demande des associations de patients qui, dès le 12 août, soit deux jours après le lancement de l’expérimentation dans cinq pharmacies, demandaient son élargissement « sans attendre », appelaient les « collectivités territoriales » à se mobiliser et les ARS à jouer leur rôle de facilitation pour mettre en place des dispositifs sur tout le territoire métropolitain comme ultramarin. Il répond également à l’appel de l’épidémiologiste Dominique Costagliola, le 21 août dernier dans un entretien à « L’Express », en faveur d’une accélération de la campagne de vaccination grâce à l’implication de l’ensemble des pharmacies.
Des quotas par région
Les ARS se sont montrées réactives en actionnant une stratégie qui ne demandait qu’à être déployée. D’autant que du côté des officines, le volontariat fonctionne à plein. Selon Philippe Besset, rien qu’en Occitanie ce sont 200 pharmacies qui se sont portées candidates. Début septembre, encore dans l’attente de la parution de l’arrêté leur permettant d’organiser la vaccination contre Monkeypox en officine, plusieurs ARS s’étaient déjà mis d’accord avec des pharmacies pour déployer la vaccination : 9 en Occitanie, 5 en région PACA, en Bretagne et en Nouvelle-Aquitaine, 2 dans les Pays de la Loire et 7 dans les Hauts-de-France. Mais une consigne de la Direction générale de la santé (DGS) aux ARS, qui n'apparaît pas dans l'arrêté, a fait l'effet d'une douche froide.
« En découvrant l’arrêté dans le "Journal officiel" du 23 septembre, ma première réaction a été : enfin ! Car cela fait plusieurs semaines qu’on est opérationnel et qu’on attendait ce feu vert. C’est satisfaisant car l’arrêté donne de la souplesse en laissant la main aux ARS pour l’organisation de la vaccination contre Monkeypox dans les officines. Cependant, j’ai découvert le même jour que la DGS a fixé des quotas par région et que les Hauts-de-France sont limités à 5 pharmacies… Nous devons nous séparer de deux volontaires, à savoir une à Abbeville et une à Dunkerque. Il reste donc deux pharmacies à Lille, une à Valenciennes, une à Amiens et une à Creil », détaille Grégory Tempremant, membre du bureau de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et président de l’URPS pharmaciens des Hauts-de-France.
Contactée, la DGS précise que ce sont donc 25 pharmacies (dont les 5 premières expérimentatrices) qui ont été « désignées par les ARS » mais que cette liste est « provisoire » et « peut être amenée à évoluer ». Leur répartition : 4 en Occitanie, 2 en Île-de-France, 5 dans les Hauts-de-France, 5 en PACA, 3 en Bretagne, 4 en Nouvelle-Aquitaine et 2 dans les Pays de la Loire.
Élargir la population cible
Le système logistique mis en place entre pharmacies hospitalières et officines a non seulement prouvé son efficacité pour la livraison du vaccin, mais l’organisation des officines a aussi démontré qu’elles étaient capables de vacciner un nombre de personnes non défini a priori, « sans perdre de doses ». Cette déperdition du vaccin était l’une des principales réticences exprimées par les instances sanitaires en amont de l’expérimentation, Imvanex étant conditionné en monodose mais en boîte de 20 flacons. De plus, il doit être conservé à -20 °C ou -80 °C, puis utilisé immédiatement une fois décongelé ou dans les deux mois s’il est conservé entre -2 °C et -8 °C à l’abri de la lumière. Le flacon doit ensuite avoir atteint une température comprise entre 8 °C et 25 °C et être tourné délicatement pendant au moins 30 secondes avant utilisation.
Comme pour le Covid, les pharmaciens ont su faire la démonstration qu’ils pouvaient relever des défis de santé publique avec compétence et rapidité. Tout comme les préparateurs en pharmacie. Preuve en est - et c'est la « bonne surprise » de l'arrêté paru le 23 septembre - ils sont désormais autorisés à vacciner contre Monkeypox, sous la supervision d’un pharmacien, dans les officines désignées par l’ARS. « L’offre en officine est complémentaire de celle des CeGIDD (centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles - NDLR) ou des hôpitaux, car on sait très bien que certains patients n’iront pas dans ces structures », remarque Grégory Tempremant.
Reste à connaître les orientations qui seront prises par les autorités sanitaires face au recul de l’épidémie. Des experts plaident en effet pour une vaccination plus large des populations concernées. Ils s'appuient sur les résultats d'une étude de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) selon lesquels près de 7 % des cas seraient asymptomatiques mais contagieux. La poursuite de la campagne vaccinale et l'élargissement de la population cible permettraient alors d'éviter la transmission et d'endiguer cette épidémie.
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