« Ma pharmacie en France », c’est le portail de services de vente en ligne conçu par les groupements de pharmacies pour contrer les plateformes qui menacent le monopole. Il sera déployé en 2025 pour tous les pharmaciens qui le souhaitent. Présentation.
Les groupements de pharmacies ont présenté ce vendredi 12 juillet leur modèle de vente en ligne de médicaments à la direction générale des Entreprises (DGE), quelques semaines seulement après la mobilisation des pharmaciens dénonçant, entre autres, les menaces de dérégulation par les plateformes européennes. « Ce fut un dialogue constructif », sourit Alain Grollaud, président de Federgy (la Chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies), chef d’orchestre du projet. Car bien que le climat politique soit incertain, « le projet de développer la vente en ligne de médicaments doit être bouclé malgré tout, pour le proposer à un nouvel exécutif, explique Alain Grollaud. Le projet du gouvernement est peut-être retardé mais il n’est pas enterré. »
Créée par les pharmaciens pour les pharmaciens, « Ma pharmacie en France » est donc « un portail de services pour garder une relation directe entre le patient et la pharmacie de son choix, sur ordinateur ou sur un smartphone, avec une application », présente Alain Grollaud. Une façon de prolonger sur format numérique la relation patient-pharmacien, avec deux innovations : « la livraison et la vente en ligne dans les règles de santé publique. »
Concrètement, ce portail propose un premier bloc pour la vente en ligne de médicaments OTC, associé à la vente de produits de parapharmacie et de dispositifs médicaux. Le patient choisit d’abord sa pharmacie, entre sur la page et commande. « Le portail demande toujours de choisir sa pharmacie, il n’y a pas de géolocalisation », précise le président de Federgy. Si la pharmacie a déjà développé son site de vente en ligne, elle continue. « Si vous n’avez pas de site, l’appli va vous permettre de créer une sorte de vitrine virtuelle avec votre stock et votre prix », explique encore Alain Grollaud. Le patient complète ensuite son panier et paie en ligne « de manière très simple et très habituelle ». Pour récupérer la commande, deux solutions : récupérer les produits à l’officine en click & collect ou choisir la livraison. « Nous sommes en discussion avec la Poste qui assurera la livraison partout en France, sous 24 heures », ajoute Alain Grollaud.
Pour la profession, il y avait plusieurs lignes rouges à ne pas dépasser : pas de plateformes et pas de stocks déportés. Pour l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), également présent à la DGE, « il ne faut pas non plus bouger la loi ». Pour ne pas prendre de risques.
« Ma pharmacie en France » propose d’autres services. Une deuxième brique permet la dispensation à domicile des médicaments sur ordonnance pour les patients qui ne peuvent se déplacer, selon le circuit classique (carte Vitale et original de l’ordonnance). Une troisième brique « Communication » permet de promouvoir les missions réalisées en pharmacie (vaccination, dépistage, entretiens…) auprès du grand public. « L’avantage, c’est qu’on passe par un portail générique pour faire de la communication et diffuser des messages de santé publique », indique Alain Grollaud. Pas de problème de déontologie.
La quatrième brique est l’Agenda. À l’instar de Doctolib et consorts, il permet de planifier les rendez-vous à l’officine. Son intérêt : « Pour être reconnu sur les réseaux, il faut du nombre. Ce portail permettra de remonter dans les algorithmes », indique encore Alain Grollaud.
Enfin, lutte contre les fraudes oblige, une dernière brique permettra de contrôler les ordonnances, grâce à une intelligence artificielle interopérant avec l’outil Asafo.
Initié il y a un an, après les décisions de la Cour européenne de justice et les multiples attaques des plateformes européennes, le projet est en passe de se concrétiser et entre en phase de test au cours du dernier trimestre 2024, pour être déployé en 2025. Le dispositif est ouvert à tous les pharmaciens sur abonnement. Si le montant de la cotisation n’est pas encore défini, « il sera inférieur à 50 euros par mois, confie Alain Grollaud. C’est trois fois moins cher que la concurrence ! ».
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