Germe et vecteur responsables de la maladie de Lyme canine
Cette affection est provoquée par un spirochète de type Borrelia (Borrelia burgdoferi (Bb) sensu lato). Elle se transmet d’un hôte à l’autre via une tique, à l’occasion de son repas de sang. Pour que la transmission soit effective, le contact entre la tique infectée et son hôte doit être d’au moins 48 à 72 heures.
En France métropolitaine, Ixodes ricinus (tique des forêts), est la principale tique vectrice de Bb. La répartition géographique de la borréliose de Lyme est donc très cosmopolite, ces tiques s’observant partout en France avec une légère prédominance pour les régions Est et Centre. En outre, il semblerait que la maladie s’étende en raison de la persistance des vecteurs et des réservoirs.
Comment la bactérie infecte-t-elle les tiques puis l’hôte ?
Les petits mammifères et oiseaux, hôtes des larves et nymphes d’I. ricinus représentent le principal réservoir de Bb et la migration des oiseaux permet d’expliquer l’extension de la maladie vers le nord. Les cerfs et sangliers, hôtes des formes adultes de la tique, seraient également des réservoirs. Chez la tique, la transmission de la bactérie est transstadiale : la bactérie infecte la larve ou la nymphe lors de son repas de sang sur un hôte infecté et s’arrime dans son intestin. Elle y reste pendant la mue de l’acarien puis remonte dans les glandes salivaires de la nymphe ou de la tique femelle adulte lorsque celle-ci prend son nouveau repas, infectant ainsi un nouvel hôte. Cette migration bactérienne met 12 à 48 heures ce qui explique le contact nécessaire de 48 à 72 heures pour que l’infection ait lieu.
Les hôtes sont contaminés par Bb au moment des pics d’activité des tiques (humidité favorable, température clémente ; la saison à tique s’est allongée avec le réchauffement climatique). Il semblerait que les nymphes soient les principales vectrices (plus petites que les adultes elles passent souvent inaperçues).
Les tiques peuvent être coïnfectées par d’autres bactéries (anaplasmose, ehrlichiose…). Ces coïnfections peuvent accroître la morbidité chez le chien.
Quels sont les symptômes chez le chien ?
La prévalence de l’infection des chiens par Bb n’est pas connue, mais ce qui est bien établi c’est que la plupart des chiens infectés ne développent pas la maladie : près de 95 % des chiens restent asymptomatiques (chez l’Homme, 90 % des personnes infectées développent la maladie de Lyme !). Cela explique la rareté de la maladie chez le chien.
L’érythème migrant caractéristique de l’infection humaine, n’est pas décrit chez le chien tous comme les atteintes neurologiques ou cardiaques.
Le diagnostic clinique est difficile : après une infection, la maladie met plusieurs semaines à plusieurs mois pour se déclarer (durée variable car le moment de l’inoculation est très difficile à déterminer).
La forme principale s’accompagne de fièvre, d’une adénopathie et d’une boiterie, intermittente, liée à une arthrite douloureuse, migratoire, qui n’atteint que peu d’articulations. Il existe une autre forme plus rare (moins de 2 % des chiens séropositifs), rénale (néphrite de Lyme), souvent fatale.
Quels sont les moyens diagnostiques ?
Il y en a très peu, ce qui explique la difficulté à établir le diagnostic de maladie de Lyme chez le chien.
En effet la mise en évidence directe du germe est difficile et très peu réalisée chez le chien.
Les examens sérologiques sont encore peu sensibles et spécifiques car les anticorps dépistés sont présents aussi bien chez les chiens sains que chez les malades. De ce fait, les résultats positifs indiquent que l’animal a été exposé à la bactérie, mais ne permettent pas de prouver qu’elle est responsable des signes cliniques ni de prédire si des signes cliniques risquent de se développer ultérieurement.
Ainsi, le diagnostic de maladie de Lyme chez le chien est assez complexe et repose sur le mode de vie du chien, la présence de tiques et une morsure récente, les symptômes cliniques, l’exclusion des autres diagnostics possibles, et la réponse au traitement antibiotique adapté.
En conclusion, quelles sont les modalités de prévention ?
Étant donné la difficulté de diagnostic de la maladie de Lyme chez le chien et les incertitudes quant à sa prévalence exacte, la prévention reste la mesure la plus efficace. Le rôle d’information du pharmacien est ici essentiel. Les différentes mesures sont :
La recherche systématique des tiques plantées au retour de promenades en forêt (pour le chien comme pour l’homme) ; l’élimination immédiate des tiques dès qu’elles sont visibles sur l’animal (même si celui-ci est traité) ou sur l’homme, par exemple à l’aide d’un crochet à tiques (O’Tom, Exitick…) ou d’un feutre anti-tique. Le contrôle des tiques par les différents antiparasitaires disponibles sur le marché, tout au long de l’année en raison de l’allongement des périodes à risque. Comme la transmission du germe demande 48 heures environ, les produits qui empêchent l’attachement de la tique sur l’hôte ou les tuent rapidement après leur attachement sont à privilégier (à base par ex. de perméthrine, de fluméthrine, d’isoxazoline) et sont très efficaces. Toutefois il est important d’insister auprès des propriétaires sur leur utilisation régulière. La vaccination préventive des animaux prédisposés contre la maladie de Lyme, dans les zones à risque (toutefois cette vaccination reste controversée et doit reposer sur l’étude bénéfice/risque réalisée par le vétérinaire pour chaque animal particulier). L’information en officine sur les répulsifs anti-tiques adaptés à l’homme, à pulvériser sur les vêtements pendant les périodes à fort risque ainsi que sur les mesures de protection à prendre lors de randonnées en raison de la plus forte prévalence de cette maladie chez l’homme.
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