Médicaments vétérinaires

Dissocier prescription et dispensation

Publié le 18/01/2010
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L’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine (ANPVO) rappelle l’importance de l’acte de dispensation, qu’il s’agisse de médicaments humains ou vétérinaires. Face au peu d’investissement des pharmaciens sur ce marché et l’attachement des vétérinaires à la vente de médicaments, l’ANPVO communique sur les droits et devoirs de chacun dans une optique de santé publique.

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« NOUS NE SOMMES PAS EN GUERRE avec les vétérinaires, nous voulons sortir de la logique d’affrontement qui a prévalu pendant trente ans et qui s’est révélée stérile. Nous revendiquons notre utilité dans le système par le biais de notre savoir-faire », explique Jacky Maillet, président de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine (ANPVO). Car le pharmacien est le seul professionnel de santé dont le métier est la dispensation de médicaments. Son principe repose sur le contrôle, la vérification et l’expertise obligatoire des ordonnances médicales, permettant de lutter contre les incompatibilités, les interactions, les redondances, l’iatrogénie, etc.

Loin de vouloir interdire le droit de délivrer des médicaments aux vétérinaires, l’ANPVO veut avant tout que le particulier ou l’éleveur puisse avoir le choix d’obtenir les produits prescrits auprès du vétérinaire ou du pharmacien. Or, « selon un sondage effectué en juillet 2008, quand le vétérinaire prescrit un médicament, la remise de l’ordonnance se fait dans 87 % des cas si le propriétaire achète les médicaments dans le cabinet, alors même que 30 % des sondés se disent prêts à payer des honoraires pour acheter les produits en dehors du cabinet », souligne Philippe Lépée, vice-président de l’ANPVO.

Sur un marché global 2008 de 1,1 milliard d’euros (petfood compris - valorisation au prix grossiste), les vétérinaires se payent la part du lion en réalisant 75 % des ventes, tandis que les pharmaciens n’en comptent que 6 %, le reste étant distribué par les groupements d’éleveurs agréés. « Les vétérinaires vivent à plus de 50 % des ventes de médicaments. Le fait que le médicament soit aussi important dans le revenu du vétérinaire est un gros problème ; ils se sont mis à gagner de l’argent avec un métier qui n’est pas du ressort de leur formation », précise Jacky Maillet. Dans ce contexte, ils ne peuvent lâcher du lest sur ce point. « C’est une profession noble, notre but n’est pas de la casser. L’utilité de professionnels de la santé animale sur le terrain est évidente, par exemple en termes d’épidémiosurveillance. Mais la dispensation a un but de contrôle et on ne peut se contrôler soi-même. Comme en santé humaine, avoir un prescripteur et un dispensateur est une garantie de santé publique. Les vétérinaires sont en train de réfléchir à des solutions. Nous en avons une à proposer, à budget constant pour eux, mais ce n’est pas à l’ordre du jour », indique le président.

Sensibiliser les officinaux.

Créée en novembre 2008, l’ANPVO regroupe les trois principaux syndicats de pharmaciens, l’Association de pharmacie rurale (APR), deux grossistes vétérinaires (Veto Santé et CERP Rouen), ainsi qu’un membre d’honneur, les laboratoires Pierre-Fabre. L’association est soutenue par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), « car le médicament vétérinaire doit être dispensé par un pharmacien puisque c’est un médicament, le pharmacien est formé pour cela et c’est une question de santé publique », souligne Jean-Charles Tellier, président de la section A.

L’ANPVO s’est fixée pour mission de sensibiliser les officinaux à respecter la réglementation, de susciter leur intérêt et leur investissement et de valoriser l’utilité du pharmacien et de la dispensation face aux faiblesses de la simple délivrance. L’association intervient sur des sujets aussi importants que l’antibiorésistance en médecine vétérinaire ou les résidus médicamenteux dans les eaux. Elle a récemment demandé au ministère de la Santé et à la Direction générale de la santé l’examen de la liste d’exonération des médicaments vétérinaires datant de 1986, qui exclut notamment l’achat de vermifuges sans ordonnance.

› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2717